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Par là encore sa vie était en désarroi et désajiistée. Des accidents cor|)oreIs vinrent mettre la dernière main à cette cruelle situation. Toute l'année 1791 ne fut pour le pauvre poète qu'une suite de chutes de cheval, de membres meurtris ou brisés. Au mois de janvier, il tomba une première fois ; il écrit à Mrs Dunlop, le 7 février :

Quand je vous aurai dit, Madame, que par suite d'une chule, non de mon cheval , mais avec mon cheval , j'ai été estropié quelque temps et que c'est aujourd'hui la première fois que je puis me servir de mon bras et de ma main pour écrire, vous con- viendrez que c'est une trop valable excuse pour un silence qui semblait de l'ingrati- tude. Je commence maintenant à aller mieux et je suis capable de rimer un peu, ce qui impliqiie un peu d'aise et de soulagement, car je ne puis penser que l'esprit le plus poétique soit capable de composer sur le chevalet i.

Vers la fin de mars, il fit une nouvelle chute et cette fois se cassa le bras. Il écrit en avril :

Un jour ou deux après avoir reçu votre lettre , mon cheval tomba avec moi et me fractura le bras droit. Comme ceci est le premier service que mon bras me rend depuis mon accident . je suis incapable de vous remercier de votre protection et de votre amitié autrement qu'en termes généraux 2.

Vers la fin de l'été ou le commencement de l'automne , il tomba de nouveau et se meurtrit la jambe. II semble avoir souffert beaucoup de ce dernier accident. 11 disait à Peter Hill, le libraire :

Je n'ai jamais été plus incapable d'écrire. Un pauvre diable, cloué sur un fauteuil, qui se lord dans la souffrance, avec une jambe meurtrie sur un escabeau devant lui, est vraiment en bonne situation pour dire des choses brillantes 3.

Et à un autre correspondant il envoyait à propos de la même blessure « plein ma feuille de gémissements qui me sont arrachés dans mon fauteuil^ ».

On croirait qu'il faisait des courses furibondes, qu'il poussait sa monture comme un forcené. Presque toutes ces chutes sont , en effet , faites avec le cheval. La pauvre bête surmenée galopait tant qu'elle tombât. Encore ne sont-ce là que les chutes qui marquaient. Il lui en arrivait d'autres à chaque instant.

Pour ma part, j'ai galopé sur mes dix paroisses, pendant les quatre derniers jours, jusqu'à ce moment, où je viens de descendre declieval, ou plutôt, où mon pauvre squelette d'âne de cheval vient de me déposer à terre, car le pauvre diable s'est mis une dizaine de fois à genoux, pendant les vingt derniers milles, me disant à sa façon : « Vois , ne suis-je pas ta fidèle rosse de cheval , sur lequel tu as chevauché tant

1 To Mrs Dunlop. H^ Feb 1791.

2 To Alexander Fraser Tyller. April 1791.

3 To Peter mu. Oct. n91.

4 To Robert Graham of Finir y. Oct. 1791.