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plaidoyer de Thomas Erskine, le frère du protecteur de Burns. Lorsque George III apprit que Thomas Erskine se chargeait de la défense de Paine, il contraignit le prince de Galles à écrire à l'illustre avocat une lettre qui amena sa démission immédiate comme attorney général près du Prince ^ Le lendemain du jugement de Paine, une nouvelle société fut créée sous la présidence d' Erskine : Les Amis de la Liberté de la Presse. Le 13 décembre, le parlement fut prématurément convoqué pour entendre un discours du trône, dans lequel il était parlé d'un dessein de tenter la destruction de la Constitution et la subversion de tout ordre et de tout gouvernement.

En sorte que tout le pays était travaillé d'une formidable effervescence ; la bataille faisait rage entre les sociétés libérales ou révolutionnaires d'un côté et les sociétés réactionnaires ou conservatrices de l'autre. Celles-ci employaient tous les moyens d'intimidation, jusqu'à la dénonciation. Le gouvernement avait pris parti dans la lutte et se considérait comme attaqué par les propositions de réforme. On voit combien la situation était, à la fin de 1792, changée de ce qu'elle avait été au commencement, et combien les mêmes actes qui, au mois de février, étaient simplement indifférents, seraient devenus significatifs au mois de novembre.

Ce double mouvement s'était produit en Ecosse, mais avec plus de force dans chaque sens, et par conséquent plus de violence dans le choc. Les principes nouveaux trouvaient dans l'organisation essentiellement démocratique de l'Église calviniste un terrain favorable. Les sociétés se multiplièrent. Lorsqu'en 1793 on proposa un congrès des sociétés de Londres et des Provinces, ce fut à Edimbourg qu'il eut lieu ^ ; quarante- cinq sociétés écossaises y envoyèrent des délégués ^. D'un autre côté, le parti tory était là plus nombreux et plus puissant, en même temps que plus étroit et plus fanatique qu'ailleurs. Il comprenait presque entièrement « la richesse, le rang, l'administration du pays et les trois quarts de la population '. » L'impiété de la Révolution française assurait à cette réaction tout ce qui était pieux, ses excès tout ce qui était timide ; tandis que la distribution des emplois achetait tout ce qui était véual ^. Les conseils municipaux, qui étaient les principaux électeurs du Parlement, nommaient leurs successeurs, et par conséquent se renommaient indéfi- niment eux-mêmes. Les personnes qui étaient envoyées comme jurés aux

1 Voir Lord Erskine par Henri Duméril, p. 61, et les paroles de Thomas Erskine lui- même, citées au bas de la page 62. — Voir aussi Henry Erskine and His Times, par le lieutenant-colonel Alex. Fergusson, p. 345.

2 The Slory of the English Jacobins, chap. v, p. 80.

3 Id., p. 88.

4 Lord Gockburn. Memorials, p. Tl.

5 Id., p. '75-^6.