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Page:Angellier - Robert Burns, I, 1893.djvu/514

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monde dans le calme de la campagne et les recevoir purifiés de la paille et de la poussière des acrimonies humaines.

A travers toutes ces péripéties, il continuait son métier d'exciseman. Il le faisait sans goût, mais avec exactitude. Si on excepte l'admonestation relative à ses déclarations politiques, laquelle est tout à fait à part, on ne trouve, dans sa correspondance et dans le minutieux journal de son surveillant Findlater, que trois ou quatre allusions à des observations pour desfaits de service. Elles portent sur des négligences futiles et, selon les expressions mêmes du rapport, sur des « inadvertances triviales ^ ». Dans les cas oii on a ses explications, celles-ci paraissent probantes 2. Deux lettres, en forme de mémoire, adressées, l'une à David Staig^, prévost de Dumfries, l'autre à Mr Graham de Fintry *, dans lesquelles il propose des améliorations qui doivent conduire à une perception plus exacte de l'impôt ou à des économies, montrent qu'il s'occupait de son administration, en dehors de la routine de son service, et qu'il en con- naissait bien le fonctionnement. Ce sont des exposés très courts mais très nets et, il semble, très justes, de points de détails. Ils marquent le juge- ment qu'il y avait en lui, et ce qu'il aurait pu faire, si sa position avait été plus élevée. Au point de vue strictement professionnel, il est certain que l'Excise ne devait pas compter beaucoup d'employés tels que lui, aussi actifs, aussi intelligents, aussi capables de tact et de fermeté. Il avait d'autant plus de mérite à apporter dans ses fonctions une régularité qui n'était pas dans sa nature, qu'elles lui étaient pénibles et odieuses. De temps en temps, quelques paroles échappées indiquent qu'il continuait à les subir, à son corps défendant, et laissent deviner la discordance qu'il y avait entre cette vie et ses désirs.

» Dimauche clôt une période de notre maudite affaire du revenu. Il se peut que je sois tenu, occupé à écrire, jusqu'à midi. Jolie occupation pour la plume d'un poète! Il y a une partie du jieure humain que j'appelle la classe des chevaux de manège. Quels animaux enviables ce sont! Us tournent, ils tournent et ils tournent — le bœuf de Mun- dell, qui fait aller son moulin à coton, est leur prototype exact — sans une idée ou un désir au-delà de leur cercle, gras, luisants, stupides, patients, tranquilles et satisfaits; tandis que me voici assis tout novembreux , damné mélange de mauvaise humeur et de mélancolie, sans assez de la première pour m'emporter jusqu'à la colère, ni de la seconde pour me reposer dans la torpeur; mon âme se démenant et voletant autour de sa prison, comme un bouvreuil attrapé pendant les horreurs de l'hiver et nouvel- lement enfermé dans une cage. Je suis persuadé que c'est de moi que le sage Hébreu a prophétisé quand il a dit : « Et voyez, quelque chose à quoi cet homme applique son

1 Voir, dans Hately Waddell, Life of Burns, les renseignements et documents donnés dans l'appendice : Burns as an Excise officer.

2 Voir la lettre to Alex. Findlater supervisor of the Excise, June HQl.

3 To David Staig, provosl of Dumfries.

4 To Robert Giaham of Fintry. Jan. 1794.