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Dans ses moments les plus joyeux, il semble brusquement avoir conscience de leur fuite et s'abandonne, sur cette pente de tristesse, à des réflexions sur la fuite de la vie elle-même.

Cette vie, autant que je le comprends.

Est une terre enchantée et féerique,

Où le plaisir est la baguette magique,

Qui, maniée adroitement.

Fait que les heures, comme des minutes, la main dans la main,

Passent, en dansant, très légères.

Sachons donc manier cette baguette magique ;

Car, lorsqu'on a gravi quarante-cinq ans,

Vois, la vieillesse caduque, lasse, sans joie,

Avec une face ridée, ,

Arrive, toussant, boitant par la plaine, D'un pas traînant.

Quand le jour de la vie approche du crépuscule,

Alors, adieu les promenades insouciantes el oisives,

Et adieu les joyeux gobelets écumants,

Et les sociétés bruyantes,

Et adteu, chères et décevantes femmes,

La Joie des joies !

vie ! combien est charmant ton matin,

Les rayons de la jeune Fantaisie ornent les collines !

Méprisant les leçons de la froide et lente Prudence,

Nous nous échappons.

Comme des écoliers, au signal attendu

De s'éjouir et de jouer !

Nous errons ici, nous errons là.

Nous regardons la rose sur l'églantier.

Sans songer que l'épine est proche

Parmi les feuilles ;

Et bien que la petite blessure menace.

Sa souffrance est si courte !

Quelques-uns, les heureux, trouvent un coin fleuri,

Pour lequel ils n'ont ni peiné, ni sué ;

Ils boivent le doux et mangent le meilleur.

Sans souci, ni peine,

Et, peut-être, regardent la pauvre hutte

Avec un haut dédain.

Sans dévier, quelques-uns poursuivent la fortune ;

L'âpre espérance tend tous leurs muscles ;

A travers beau et laid, ils pressent la chasse,

Et saisissent la proie ;

Alors, tranquillement^ dans un coin plaisant,

Ils terminent la journée.