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Page:Angellier - Robert Burns, II, 1893.djvu/302

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Sa chère pensée autour de mon cœur

S'enroulerait tendrement.

Que les montagnes se dressent, et les dt^serts hurlent,

Et les océans rugissent entre nous,

Cependant, plus chère que mon âme immortelle,

J'aimerais encore ma Jane i.

Celle-ci fut une de ses toutes premières chansons ; elle fut écrite au commencement de son séjour à Mauchline :

Mary, sois à ta fenêtre, C'est l'heure convoitée et convenue! Laisse-moi voir ces sourires et ces regards,

Qui font mépriser le trésor de l'avare : Avec quelle joie je supporterais la poussière,

Peinant en esclave du matin au soir, Si je pouvais m'assurer la riche récompense, La jolie Mary Morison !

Hier soir, quand, au son tremblant des cordes ,

La danse traversait la salle éclairée ,

Vers toi ma pensée prit son vol.

Je restai assis, mais sans voir, ni entendre ,

Bien que celle-ci fût jolie, et celle-là brillante,

Et celle-ci l'orgueil de la ville,

Je soupirais et disais au milieu d'elles toutes :

« Vous n'êtes pas Mary Morison ! « 

Mary, peux-tu briser le repos

De celui qui, pour toi, mourrait avec joie ?

Et peux-tu bien briser son cœur

Dont la seule faute est de t'aimer?

Si tu ne veux pas rendre amour pour amour.

Du moins, montre-moi de la pilié ;

/ Une pensée sans douceur ne saurait être

La pensée de Mary Morison 2.

Et celle-ci, dont les derniers vers sont si simples, est au contraire de ses dernières années :

Le jour revient, et mon cœur est en flamme,

Le jour béni où nous nous rencontrâmes ;

Quoique l'âpre hiver se fatiguât en tempêtes.

Jamais soleil d'été ne m'a paru si doux.

Plus que les trésors qui chargent les mers

Et traversent la ligne enflammée,

Plus que les robes royales, les couronnes et les globes,

Le ciel m'a accordé ; — car il l'a faite mienne.

' My Jean.

2 Mary Morison.