Page:Angellier - Robert Burns, II, 1893.djvu/32

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Alors, avec sa lance il la retourna ;

Oh I que la face de l'enfant était pâle !

Il dit : « Tu es la première que jamais

« J'aie souhaité voir revivre ».

Il la tourna et la retourna,

Oh ! que la peau de l'enfant était blanche !

« J'aurais pu épargner cette douce face

Pour devenir les délices d'un homme.

Alerte, partons, mes joyeux compagnons, Je pressens un triste destin. Je ne puis regarder cette douce figure Qui est là gisante dans l'herbe i ».

La llamme gagne la mère qui meurt en embrassant ses bébés. Son mari arrive, se met à la poursuite d'Edom de Gordon, et le massacre avec toute son escorte. Puis, revenant vers les masses brûlantes oii est enseveli tout ce qu'il aime, il s'y précipite. Il ne reste dans cette scène de carnage (jue la jeune fdle étendue sur l'herbe. Une autre ballade sur un sujet analogue, Y Incendie de Frendrmt,ght , est peut-être pire encore. Une troupe d'hommes, à qui on a donné l'hospitalité après une fausse récon- ciliation, est enfermée dans une tour à laquelle le feu est mis. Il va un passage oii un d'entre eux crie, à travers les barreaux de fer de la fenêtre, ses dernières recommandations, tandis que son corps est consumé, qui est une chose horrible.

Je ne puis pas sauter, je ne puis pas sortir,

Je ne puis arriver à toi.

Ma tète est prise dans les barreaux de la fenêtre,

Mes pieds brûlés se détachent de moi.

Mes yeux bouillent dans ma tête.

Ma chair aussi est rôtie,

Mes entrailles bouillent avec mon sang,

N'est-ce pas une horrible angoisse ?

Prends les bagues de mes doigts blancs,

Qui sont si longs et étroits.

Et donne-les à ma belle Dame,

Là où elle est assise dans son château.

Je ne puis pas sauter, je ne puis pas sortir. Je ne puis pas sauter vers toi, Ma partie terrestre est toute consumée, Ce n'est plus que mon âme qui te parle^.

Ces atrocités justifient le jugement de Prescott : « Bien que les scènes des plus vieilles ballades soient empruntées au xiv^ siècle , les mœurs

• Edom o' Gordon.

2 The Pire of Frendraught.