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Page:Angellier - Robert Burns, II, 1893.djvu/362

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Cette intervention de l'homme, venant s'ajouter à celle des animaux, fait parfois reculer la description de la nature elle-même jusqu'à ne lui laisser que très peu de place, comme dans la strophe suivante où elle l'a reléguée dans le premier vers. Le détail animé expulse presque complè- tement le détail inanimé :

Le soleil avait clos le jour d'hiver,

Les joueurs de curling avaient quitté leur jeu retentissant;

Et le lièvre affamé avait pris le chemin

Des verts jardins de choux,

Tandis que la neige perfide le décèle par ses traces

Partout où il a passé i.

Les matins surtout sont animés et joyeux. Les travailleurs de toute espèce vont allègrement à leur besogne et font retentir la campagne de leurs chansons. C'est un laboureur qui va retrouver sa charrue et chante joyeux dans la fraîcheur d'une aurore de mai toute ruisselante de notes d'alouettes ; leurs deux chansons se rencontrent et se mêlent :

Comme j'errais un matin, au printemps,

J'entendis un joyeux laboureur chanter doucement,

El comme il chantait, il disait ces paroles :

i' Il n'y a pas de vie comme celle du laboureur, dans le mois du doux mai >.

L'alouette au matin s'élance de son nid,

Et monte dans l'air, la rosée sur sa poitrine,

Avec le joyeux laboureur, elle siftle et elle chante,

Et à la nuit, elle redescendra vers son nid 2.

Un peu plus loin, c'est un jardinier qui s'en va, la bêche sur l'épaule. Et sa chanson est plus fraîche et plus jolie encore :

Quand le rose mai arrive avec des fleurs,

Pour parer ses bocages dont la verdure s'ouvre,

Alors occupées, occupées sont ses heures,

Au jardinier, avec sa bêche.

Les eaux de cristal tombent doucement,

Les oiseaux sont tous des amoureux.

Les brises parfumées passent autour de lui,

Le jardinier avec sa bêche.

Quand le pourpre matin éveille le lièvre,

Qui se glisse à chercher son repas matinal.

Alors, à travers les rosées, il doit partir,

Le jardinier, avec sa bêche.

Quand le jour expirant dans l'ouest,

tire le rideau du repos de la nature,

Il vole vers les bras qu'il aime le mieux,

Le jardinier, avec sa bêche 3.

^ The Vision.

2 Lines on a Merry Ploughman.

3 When Rosy May cornes in wi' Flowers,