Page:Angellier - Robert Burns, II, 1893.djvu/69

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lant son bras en guise de bârre à travers la porte. Le bras fut brisé ; la chambre envahie par une bande de furibonds. Jacques I découvert dans une cachette sous le plancher fut massacré ^.

C'est de cette vie royale, éclose dans une idylle et close par une tragédie, dépensée aux hautes besognes de la guerre et des lois, que sont sortis, semble-t-il, les deux premiers poèmes populaires, et l'exemple de l'observa- tion grotesque appliquée à la vie vulgaire. On explique cette anomalie en se rappelant que Jacques aimait à se mêler au peuple, afin de se rendre compte de ses besoins 2. Ces deux poèmes, dont l'un s'appelle Ah Fête de Peehles, et l'autre A Christ's Kirk sur le pré, Sont à peu près identiques de sujet. Ce sont des descriptions de journées de fête rustique, avec leurs joyeusetés, leurs lourdes farces, et leurs querelles. Dans les deux, on voit les gens se réunir, le matin, suivre les routes pour aller au lieu désigné ; le milieu de la journée est longuement décrit ; le départ occupe les dernières strophes. Il y a seulement entre les deux poèmes une différence de tonalité : le premier est de couleurs plus claires et plus gaies, le second d'une teinte un peu plus sombre et d'une touche plus rude.

La pièce A la Fête de Peebles s'ouvre gaîment par l'agitation matinale, dans tous les petits villages, des gens qui se préparent à venir à la fête.

Le premier mai, quand tout le monde s'apprête

Pour la fête de Peebles,

Pour aller entendre les chants et la musique,

Doux confort, à dire vrai,

Par rivière et forêt ils arrivèrent.

Ils s'étaient faits très beaux,

Dieu sait qu'ils n'y auraient pas manqué, * « 

Car c'était leur jour de fête,

Disaient-ils,

A la fête de Peebles.

Toutes les filles de l'ouest

Etaient debout avant le chant du coq ;

L'émoi empêchait de dormir

Et les préparatifs et la joie ;

L'une dit : « Mes mouchoirs ne sont pas plies »

Et Meg, toute en colère, répondit :

« Il vaut mieux prendre une capeline ».

1 Voir le récit de cette scène dans Tytler, History of Scotland, tom II, chap. ii, p. 90-93. — Hill Burton. History of Scotland, tom II, p. 408-09.

2 L'attribution de ces deux pièces à Jacques I a soulevé qiielque discussion. L'opinion la plus générale est en sa faveur. Voir à ce sujet Irving, History of Scolish Poetry, p. 143et6uiv. — Dans un petit volume publié par Ghambers, Miscellany of Popular Scottish Poems, se trouve la note suivante, sur le poème Peebles ta the Play : « En ce qui concerne la présomption que le roi Jacques était l'auteur de ce poème, il n'est pas inutile de remarquer que, en 1444, quelques années après sa mort, une fondation fut faite qui avait pour objet (entre autres cboses) de prier pour l'âme du monarque défunt, dans l'église paroissiale de Peebles. »