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Le témoin partit alors pour Broughton en carriole avec un charretier, emportant les deux barils et divers autres articles ; et y arriva le second jour, après avoir couché la veille à l’auberge de Morin, près de Ste. Marie. Il trouva chez lui, à Broughton, sa sœur, son beau-frère Norris, et le nommé Knox, son engagé.

Il entra les deux barils dans la maison, et dit à sa sœur d’en prendre soin. Il emplit une cruche de la boisson contenue dans l’un des barils, et se rendit avec cela chez le nommé Stevens, à l’extrémité du Township, avec sa sœur, son beau-frère, Knox et le charretier. Le témoin passa la nuit chez Stevens, et lorsque Knox sortit, il lui recommanda de cacher le plus grand baril dans la neige ; ce qui fût fait.

Quelques jours après Cambray arriva à Broughton, et lui et le témoin ayant caché le baril qui contenait l’argenterie, revinrent à Québec. À peine y étaient-ils arrivés, qu’ils apprirent que Carrier, le connétable, venait de partir pour Broughton. C’était le Mercredi des Cendres. Ils se mirent en route le lendemain, pour parer le coup par un moyen ou un autre, et firent près de 50 milles vers ce Township depuis cinq heures du soir jusqu’à une heure du matin. Sur la route ils rencontrèrent Carrier, et le témoin, se doutant d’où il venait, l’accosta et lui demanda où il était allé. Il répondit qu’il venait de Broughton, où il avait été envoyé pour plusieurs affaires.

Le témoin lui fit aussi d’autres questions, auxquelles le connétable ne répondit qu’évasivement. Waterworth, afin de s’assurer si Carrier n’avait point fait quelque découverte, feignit d’être ivre, et fureta la carriole du connétable sous le prétexte d’y chercher de la boisson, mais il n’y trouva rien. Cambray et le témoin continuèrent alors leur route vers Broughton, Arrivé chez lui, le témoin parla de la visite de Carrier. Son père lui dit que ce connétable était venu chez lui, et parut très affligé que sa maison, qui jusqu’alors n’avait jamais été suspecte, eût été l’objet des recherches de la police. Quand les deux associés virent que Carrier n’avait rien découvert, ils tinrent conseil ensemble, et Cambray partit pour Québec. Il revint à Broughton au commencement d’Avril, emportant avec lui deux creusets, un boisseau de charbon, et une paire de soufflets. La nuit suivante, Cambray, Norris, Knox et le témoin se rendirent dans le bois avec le baril et les divers objets apportés de Québec, allumèrent du feu dans une cabane à sucre, et essayèrent de faire fondre l’argenterie ; mais n’ayant pu y parvenir, il la brisèrent à coup de marteau, l’emballèrent avec soin, et Cambray et Waterworth la remportèrent à Québec.

Dans la nuit qui précéda le jour de Pâques les deux associés se rendirent avec leur argenterie aux Carrières du Carouge, enfoncèrent une petite maison destinée pour les ouvriers qui y travaillent, mais qui ce jour