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norable Juge Bowen récapitula ensuite aux Jurés les divers témoignages, et détailla longuement les divers points qu’ils avaient à considérer avant de rendre leur verdict, leur observant que le principal était sans doute la circonspection avec laquelle ils devaient recevoir le témoignage d’un complice. Il fit observer qu’on doit l’accepter ou le rejeter entièrement, selon qu’il est ou non exactement confirmé par d’autres témoignages. Il faut aussi prendre en considération, ajouta-t-il, le ton d’assurance, de modération ou de haine avec lequel un semblable témoignage est donné. En un mot, c’est une question délicate que chaque juré doit décider d’après sa propre conscience, qui lui dira sans doute : Cet homme dit la vérité, ou : Cet homme déguise la vérité.

Les jurés se retirent un instant et déclarent Pierre Gagnon coupable de sacrilège ou de grand larcin pour la valeur de £20, selon la décision ultérieure de la Cour sur l’objection prise par M. Stuart.



CHAPITRE VII.


Soupçons. — Complot contre Waterworth. — Regrets de ce dernier. — Nouvelle expédition à l’Isle d’Orléans


Waterworth reprend ici le fil de ses révélations.

« Le vol sacrilège de la Congrégation nous avait donné tant d’occupation, et avait excité tant de recherches de la part de la Police, qui était presque tombée sur nos traces, que nous fûmes obligés de rester tranquilles pendant quelque temps. On commença dès lors à se défier de nous, et voici comment les premiers soupçons prirent naissance.

« Le Gouverneur avait offert par une proclamation une somme de cent Louis au Dénonciateur qui ferait connaître les coupables. C’était une somme assez forte pour tenter bien des gens. Une femme de mauvaise vie, Catherine Rocque, était chez M de A…, lorsque nous sortîmes le soir du vol de la Congrégation : rapprochant ces deux faits, elle avait imaginé que nous pourrions bien être les auteurs de ce crime. Elle alla trouver Carrier, le Connétable, et lui proposa de tirer parti de ses soupçons à profits communs. Ce dernier communiqua ce projet à un certain individu de nos connaissances, qui avait déjà eu vent de nos menées. Je fus, moi, la victime que choisirent ces délateurs et c’est dans cette vue que les voyages à Broughton furent entrepris. D’après ce plan, je devais seul être compromis, et Cambray restait inconnu. Grande fut la déconvenue de ces hommes avides, quand ils furent obligés de revenir sur leurs pas sans avoir rien découvert. Mais