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Au même instant, un chien qui était couché sous la table, se leva en grondant, le poil hérissé sur le dos, et s’approchant de la porte qui donnait sur la cour, se mit à aboyer. Waterworth fit un bond involontaire, et relevant la tête, rencontra la figure de son associé qui lui fit un clin-d’œil significatif, et se mit à sourire.

— « Eh bien ! bon soir, ma petite femme, » ajouta Cambray, — « Tâche d’être plus raisonnable. » Et se tournant du côté de son associé : « Il est temps, Waterworth, il nous faudra partir de bon matin ; montons nous coucher. »

— « Charles ! Charles ! » interrompit la jeune femme, comme pour faire diversion à la douleur qui l’oppressait, « quand me donnes-tu donc le schall que tu m’as promis : il ne vient jamais ? »

— « Sois tranquille ; tu l’auras demain ; car j’espère faire de bonnes affaires avant le jour. Adieu ! »

En disant ces mots, il grimpa, suivi de son compagnon, dans les marches étroites d’un escalier tortueux, et entra dans une mansarde basse, grande au plus de huit pieds carrés, dans laquelle était étendu un méchant grabat. Les deux brigands, se trouvant seuls, ne purent s’empêcher de rire.

— « Elle est bien innocente, la poulette, » dit Cambray ; « laissons-la coucher, et nous passerons par la lucarne : l’échelle est placée là pour nous recevoir. »

Au bout d’un quart d’heure, ils étaient tous deux sur le fenil, se glissant dans le silence et l’obscurité, comme on nous peint les sorciers allant au Sabath.

— « Êtes-vous là, camarades ? » murmura Cambray.

— « Ici, » répartit un phantôme noir blotti dans un coin ; « nous voici tous trois, braves comme l’épée du Roi. Je sommeillais déjà, j’ai eu des rêves charmans ; nous avions rompu la vieille, exploité la servante, pillé la maison, et incendié le tout avant de partir ! »

— « Charmant en vérité ! » dit Cambray, « mais il est temps, préparons-nous à partir. Et vous, » s’adressant à Lemire et à Stewart, « vous saurez que c’est chez Madame Montgomery que nous allons ce soir. Connaissez-vous ?

— « Chez Madame Montgomery ? » dit Lemire, « ma foi c’est