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« Waterworth, on se rencontra dans un cacheau, dans un pasage étroi, sur un échafo peut ête, ou du moin ché l’diable, n’inporte où ! tu tombra sou ma main, et j’tétoufrai, j’te massacreré. En attendant, j’tenvoi toutes mes malédiction, traître infâme.

Cambray.


« Enfin le Terme de Mars, (1837) est arrivé, Cambray et ses complices ont eu leur procès, et j’ai rendu témoignage dans cette affaire ; mais je dois l’avouer, quand je me suis vu en présence de mes camarades, mon propre cœur s’est révolté contre moi-même, et, tout en disant la vérité, j’ai éprouvé les tortures du remords… Hélas ! que j’aimerais à revoir Cambray, avant mon départ ! je ne craindrais pas de le rencontrer, pourvu qu’il n’eût point d’armes… Nous ne pourrions nous voir sans émotions, j’en suis certain… Mais souffrez que je termine ici mon récit, et que je tire un voile sur ces tristes événemens, aussi bien vous savez le reste… »

Quelques jours plus tard, savoir le 6 Avril, (1837,) Waterworth a été mis en liberté, et est allé chercher fortune ailleurs.



CHAPITRE XVI.


Procès de Cambray et de Mathieu. — Conviction et Sentence. — La première nuit des Condamnés. —


Pendant le long et intéressant procès qu’ont eu à subir Cambray et Mathieu pour le vol commis chez Madame Montgomery, duquel nous avons donné plus haut les détails, les deux accusés, assis à la barre des criminels au-dessus de la foule qui encombrait la Cour ce jour-là, sont restés calmes et impassibles, promenant tour-à-tour avec assurance un œil ferme et scrutateur sur les témoins, les Juges, et le Jury, et lançant par fois à quelques personnes parmi la foule un regard dédaigneux ou menaçant. Mathieu était surtout d’un sang-froid imperturbable, tandisque son complice, Cambray, plus capable de sentir et d’apprécier sa position, semblait éprouver quelque chose de violent à l’intérieur et trahissait par la répression convulsive de ses traits la violence de ses émotions : ce n’étaient point de la crainte ni le remords, c’étaient du dépit et du désappointement. Les souffrances et le mal-aise qu’il avait éprouvés dans la prison étaient profondément gravés sur sa figure ; quelques légères contractions autour de la bouche, indices infaillibles des angoisses et des souffrances de l’esprit, détruisaient un peu la sérénité feinte de son expression, et cet homme qui avait été si fort, si brillant de jeunesse, paraissait maintenant malade et languissant. Tout le monde le savait coupable, et pourtant l’on voyait plus d’un œil de compassion se tourner vers lui. Maints badauds, pleins de bonhom-