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CHAPITRE III

L’ART DES TROUBADOURS. LES GENRES

La poésie des troubadours est essentiellement lyrique. — Écoles de poésie ? — Le culte de la forme. — Le « trobar clus » ; admiration de Dante et de Pétrarque pour Arnaut Daniel. — La musique des troubadours. — Les genres : la chanson, le sirventés, la tenson, la pastourelle, l’aube. — Autres genres.


Les troubadours sont essentiellement des poètes lyriques[1]. Plusieurs ont même exprimé leur dédain pour les compositions d’un autre genre. Ainsi Giraut de Bornelh s’étonne et s’irrite même du succès qu’ont dans les cours contes et nouvelles, les romans, comme nous dirions de nos jours. (Il y avait en effet des troubadours qui, doués d’un bon talent de lecteurs, faisaient des lectures poétiques.) Le succès, dit Giraut de Bornelh, devrait être réservé aux bonnes chansons traitant de sujets relevés. Il y eut donc dans cette littérature une hiérarchie des genres. Elle fut observée pendant tout l’âge d’or et de la poésie provençale. Ce n’est que pendant la période de décadence que les « beaux traités didactiques », fort en honneur alors, et les « contes gracieux », pour nous servir des

  1. Leur nom leur vient du mot trobar, trouver en parlant de l’invention poétique.

    Cf. en général, pour ce chapitre, Diez, Poesie der Troubadours, 2e édition.