dangers. Si les autres embarcations ne me suivent pas, je ne songerai plus qu’à notre conservation ; je ne puis l’impossible. »
Effectivement, voyant qu’on n’imitait pas son mouvement, il reprend sa route ; les autres embarcations étaient déjà loin. Ainsi abandonnés, les hommes du radeau passèrent de la stupeur la plus profonde, au plus cruel désespoir ; tous jugeaient leur perte infaillible, principalement ceux qui n’étaient pas placés au centre de cette machine.
Pour pouvoir se rendre compte, d’une manière bien exacte et sous son véritable point de vue, des causes qui ont suscité les scènes horribles qui se sont passées sur le radeau de la Méduse ; il faut se faire d’abord une juste idée de la position que chacun occupait, et bien être convaincu, que l’énergie morale est plus nécessaire à l’homme pour sortir vainqueur des plus sinistres rencontres, que la force physique.
Nous divisons donc en deux catégories les malheureux placés sur ce cadre de bois.
Dans la première nous comprenons, les hommes qui se distinguaient par leur éducation, leurs facultés intellectuelles, leur prévoyance, leur grade ; ayant à leur disposition le peu de vivres qui se trouvaient placés sur le radeau, et occupant les places les plus avantageuses, le plus souvent exposés a les disputer les armes à la main.