Page:Anglemont - Sainte-Hélène et les Invalides, 1840.djvu/6

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Fut enchaîné vivant sur un rocher sauvage,
Débris de quelque vieux rivage,
Sous un ciel aux feux dévorants ;
Et là, durant six ans, le vautour britannique
Déchira sans pitié de son bec tyrannique
Le cœur du roi des conquérants !

Et quand Napoléon vaincu par la souffrance
S’éteignit, quoiqu’il eût à ses derniers moments
Réclamé le sommeil de la terre de France,
Le rocher prit ses ossements !
Lui qui vit de ses pieds, d’où jaillissait la foudre,
Les nations baiser la poudre,
Que les rois vinrent adorer,
Mort, il n’eut en son lit, solitude profonde,
Pour gémir sur son sort que l’ouragan et l’onde,
Que des saules pour le pleurer !

Mais, ô verbe guerrier, christ d’une nouvelle ère,
Tes vœux d’agonisant bientôt seront remplis !
Les ossements sacrés du héros populaire
Chez nous vont être ensevelis !
Et celui qui plaça les martyrs des batailles
En d’impérissables murailles
Où plane encor son nom si beau,
Sous ce toit de drapeaux conquis par la victoire
Louis-Quatorze donne au géant de l’histoire
L’hospitalité du tombeau !

À vous donc que le vent de notre république
Exila des caveaux du royal Saint-Denis,