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Saint-Calais pour se rendre doublement utile en s’y instruisant dans l’art de gouverner les malades ». Puis, après deux ans, elle revint à la Chapelle-au-Riboul et se donna avec Marie Château à sa double fonction. Le succès répondit à la bonne volonté des ouvrières. Elles purent « élever à la Chapelle une pépinière de vierges qui se consacrèrent à l’utilité des pauvres de la campagne dans tous les lieux où elles seraient demandées ». La supérieure de la petite société avait moins de trente ans ; confiante en Dieu, « réduite à sa petite fortune, elle vint à bout de construire une maison sur un fonds de quarante livres de revenu, qui fut alors tout le patrimoine de cette communauté ».

Lorsqu’il mourut en 1695, M. Tulard put voir quelques essaims de ses filles établis déjà dans les paroisses voisines, et entrevit les biens plus étendus que son œuvre produirait dans la suite. Son successeur dans la direction des nouvelles sœurs de la charité était tout désigné : ce fut l’excellent M. Jouannault, dont nous connaissons la vertu et l’esprit de piété. Il parle deux fois des sœurs de la Chapelle-au-Riboul dans sa correspondance : « Nous avons dans ce bourg, écrit-il le 7 septembre 1696, une communauté de vingt-cinq à trente filles ou pensionnaires, dont la plus riche ne paie que vingt écus de pension par an ou cent sols par mois et ont tous les soirs le roty ». Ainsi, malgré les premières fondations, la sœur Tulard avait encore autour d’elle plus de vingt novices qu’attendaient de nouveaux établissements. Cette économie à la fois extrême et décente, dont nous voyons un exemple à l’origine de la société, est un secret que connaissent et pratiquent seuls les ordres religieux. Les budgets officiels de toutes les administrations ne nous apprennent rien de semblable.

Une autre fois, M. Jouannault parle des ravages de l’épidémie qui désola tout le pays en l’année 1707, et des services que les sœurs rendirent dans cette circonstance. Il écrit le 30