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de l’autre, matériellement, et moralement surtout. C’est l’Eglise qui sert de lieu de réunion pour une partie importante des exercices de l’école, et dans les classes, ce que l’on apprend avant tout, c’est la lecture des offices, le chant, le service des autels.

Ce qui est à noter encore, c’est cette admirable entente, ce concordat pour une œuvre sainte de dévouement établi entre les quatre ecclésiastiques de la paroisse, où nous voyons le curé le premier prendre sur lui la charge la plus considérable et la plus difficile, en même temps qu’il trouve dans son clergé une correspondance si fidèle à ses vues.

Signalons enfin la sagesse de ce règlement qui donne en quelques lignes, où l’on sent les fruits de la pratique et de l’expérience, les préceptes pédagogiques les plus appropriés aux besoins de l’enfance.

C’est d’une part la division des classes suivant l’âge et le progrès des élèves, puis cette méthode toujours suivie ou reprise de la lecture commune pour les commençants ; la récitation de mémoire pour les grammairiens, les exemples écrits analogues aux leçons du jour pour les écrivains, qui après les avoir rendus devront les réciter en les épelant et rendant compte de toutes les difficultés de syntaxe ou d’orthographe. C’est enfin, pour provoquer l’émulation, cette pratique de l’enseignement mutuel, suivant laquelle le plus studieux devient maître sur les autres, et doit défendre son privilège en gardant sa supériorité.

Les autres parties du règlement qui regardent les corrections corporelles, la durée des classes, les préceptes moraux, les fêtes et congés, la modique rétribution mensuelle, sont certes aussi sages et aussi profitables que tout ce qui peut avoir été tenté depuis.

Dès son ouverture, le collège de la Baconnière compta cinquante trois élèves et toutes les conditions s’y coudoyaient familièrement. René de Chalus, fils du seigneur de la Poupardière, s’y trouvait avec les pauvres qui ne pouvaient pas même payer cinq sols par mois. Trois petites filles qu’on trouve sur la liste, donnaient à l’école de la Baconnière le caractère des classes mixtes qui furent