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SA VIE — SES ŒUVRES

son héroïne l’amie de Mme  Calendrini et la pénitente du Père Boursault. Voici la marche du drame :

Quand le rideau se lève, Mme  de Ferriol attend avec anxiété l’issue d’une audience que doit donner un magistrat influent à l’un de ses fils, Pont de Veyle. Tout l’irrite. Aïssé est pour elle un sujet d’aigreur sans cesse renaissant. Quelle bizarre idée de la part de son frère d’avoir ramené d’Asie cette esclave ! Enfin voici Pont de Veyle suivi bientôt du comte de Brécourt, un courtisan du Régent, un nouveau favori, qui remarque la beauté d’Aïssé. L’audience a eu l’issue la plus singulière. Exaspéré d’attendre dans les antichambres. Pont de Veyle a été surpris par M. le procureur fiscal dansant le dernier rigodon à la mode. Mme  de Ferriol est fort irritée ; et elle s’excuse auprès du comte de Brécourt de ce qu’elle appelle ses hontes de famille. Aïssé, de nouveau en butte à sa mauvaise humeur, et lasse de s’entendre reprocher à toute heure d’avoir été dotée par M. de Ferriol, jette au feu le titre constitutif de sa dot. Que lui importe la richesse ! Ce qu’elle voudrait, ce serait pouvoir chérir dans une obscurité tranquille, loin des intrigues du monde élégant qui l’entoure, celui qu’elle a rencontré déjà plusieurs fois, celui qui, pauvre, modeste, a su captiver son attention ! Mais le voilà : c’est lui ! Il est entré chez Mme  de Ferriol à la suite, et peut-être avec la complicité de Pont de Veyle. Elle veut s’éloigner, mais en vain, il ne partira pas sans lui avouer son amour. — Le chevalier d’Aydie, car c’est lui, cet amoureux obscur et anonyme, rencontre par hasard un autre jour Aïssé chez Mme  de Tencin. Leur surprise est mutuelle. Une demi-explication a lieu entre eux. Ils vont donc pouvoir s’aimer librement. Mais cet amour que semble favoriser Pont de Veyle n’est pas du goût de Mme  de Ferriol et de Mme  de Tencin. Le comte de Brécourt qui