Page:Angot - Louis Bouilhet, 1885.djvu/117

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d’Hélène Peyron. Le sujet est dramatique et intéressant. Il a trait à la destinée d’un enfant né hors d’un légitime mariage. Le théâtre contemporain a bien abusé de ce thème, et cependant il n’est pas prés d’être épuisé «… Le sujet est inépuisable, dit M. Alexandre Dumas fils, dans la préface de son Fils Naturel, tant l’insuffisance de la Loi en a varié les formes et les conséquences, tant l’égoïsme, l’ignorance et la brutalité de l’homme le compliquent et l’aggravent de jour en jour… » Bouilhet a été séduit par l’originalité d’une situation où la destinée d’un enfant naturel serait en jeu et mettrait aux prises les intérêts et les sentiments les plus opposés. Il s’est dit combien il serait dramatique de faire élever à son insu par un homme marié sa fille naturelle qui passerait pour une fille d’adoption, de laisser traîner la mère, misérable courtisane, dans la fange du vice, à la merci de toutes les aventures, de faire un jour de l’un des amants de la courtisane le fiancé de la pauvre enfant’abandonnée, et de tracer à larges traits le tableau du désarroi moral causé par cette combinaison étrange d’événements.

Sans avoir la prétention de « développer une thèse sociale et de rendre par le Théâtre plus que la peinture » des caractères, des mœurs et des passions… »[1] Sans comparer l’homme qui engendre un enfant naturel et ne lui assure pas le moyen de vivre, à un malfaiteur digne d’être classé au rang des voleurs et des assassins[2], Bouilhet s’est mis modestement à l’œuvre, et il a imaginé la fable suivante :

M. Daubret, un ancien viveur, banquier dans une ville de province, est marié depuis deux ans à une femme douce et bonne dont le seul chagrin est d’être sans enfants. Une circonstance fortuite va troubler

  1. Alexandre Dumas fils, préface du Fils Naturel.
  2. Idem.