Page:Angot - Louis Bouilhet, 1885.djvu/120

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entre en religion et dénoue ainsi une situation devenue insoluble.

Si la critique a pu reprocher au poëte certaines faiblesses quant au style de son drame, elle peut signaler aussi certaines invraisemblances dans l’intrigue et dans la manière dont elle se développe. Un auteur dramatique sérieux, qui a pour but autre chose que l’amusement du public, enseigne la vie humaine. Or, pour l’enseigner, il faut conclure aussi juste qu’elle « …Le Théâtre, a dit un critique[1], n’est que de la logique en action, et la logique en action constitue à son tour la vraisemblance du Théâtre… » Bouilhet n’est pas sans avoir quelque fois négligé cette logique des faits. Comment, par exemple, le commis Daubret est-il devenu riche à trente-deux ans ? Quand elle apparaît, Marceline est-elle une fille abusée ou une fille perdue ? Si c’est une fille perdue, comment Daubret ne songe-t-il pas à s’en débarrasser à prix d’or ? Lorsqu’elle trouve dans sa fille la rivale qui lui est préférée, quel est le sentiment qui provoque sa stupeur et sa colère et qui la pousse à empêcher l’union qui s’apprête ? — Il faut chercher la force et l’intérêt de la pièce autre part que dans l’exposition de l’intrigue et le dessin des caractères ; ils résident dans l’idée générale, dans certains coups de théâtre saisissants qui éclatent comme la foudre pour illuminer la touchante figure d’Hélène, dans certains jeux de scène d’autant plus puissants qu’ils sont inattendus, dans un dénouement d’une belle invention et d’un grand effet.

III

Les défauts du style dramatique de Louis Bouilhet s’effacent dans Dolorès, grâce au choix du sujet, à sa tournure romantique, à l’époque indécise où il se passe

  1. M. Édouard Thierry.