Page:Angot - Louis Bouilhet, 1885.djvu/122

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
118
LOUIS BOUILHET

souvenir ne résiste point à un coup d’œil de la comtesse de Roxas. Fernand va grossir le nombre des amoureux de dona Laura. Toutes les passions ameutées par sa femme ne laissent point d’inquiéter le comte de Roxas. Croyant que d’Avila est l’amant favorisé, il voue au beau marquis une haine féroce qui ne reculera devant rien pour se satisfaire. Le marquis d’Avila, épris de la nièce de dona Rosaura, fait chanter vers minuit une sérénade sous le balcon de Dolorès que par erreur don Fernand prend pour celui de dona Laura de Roxas. La jalousie de Fernand s’allume ; il s’écrie que les couplets sont détestables et que la sérénade est l’œuvre d’un sot. D’Avila impatienté dégaine en même temps que Fernand. Un duel va avoir lieu. Mais on sépare les combattants qui sauront bien se rencontrer de nouveau au premier jour. Dolorès, attirée à la fenêtre par la sérénade, a tout vu, et, croyant que Fernand allait se battre pour elle, est descendue dans la rue afin d’empêcher le combat. Que voit-elle alors ? Fernand s’éloignant au bras d’une femme, et cette femme, c’est Laura, c’est la comtesse de Roxas, furieuse d’être négligée par d’Avila. Le drame va se compliquer. Pendant que Fernand passe la nuit chez la comtesse, d’Avila est tué d’un coup d’estoc porté par derrière ; quel peut-être le meurtrier ? Des soupçons planent sur Fernand ; n’a-t-il pas voulu se battre avec d’Avila ? Il est arrêté. Cruelle alternative ! Il sera condamné comme un vil assassin, s’il ne se justifie pas, ou il sera regardé comme un lâche, si pour se disculper il dit qu’il a passé la nuit chez la comtesse de Roxas. Son parti est bientôt pris. Il mourra et il ne parlera pas. Il a compté sans son père, don Pèdre de Torrès, qui vient au nom de l’honneur de sa maison le supplier de dire la vérité. Fernand refuse. Don Pèdre, à quelques mots de Fernand, devine presque ce qui s’est passé. Il est digne de comprendre le mutisme de son fils, mais si