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LOUIS BOUILHET

fait surgir les espèces végétales et animales à peu près de toutes pièces, complètes et achevées. Il semble expliquer ainsi la succession des formes innombrables qui remplissent les archives géologiques de notre planète, et l’apparition du couple humain, arrivé le dernier pour jouir d’une royauté que les âges lui avaient préparée. Nous sommes loin des hardiesses d’un autre poëte, de Goëthe[1] dont le génie universel semble avoir touché aux idées de certains savants contemporains, lorsque dans les variétés infinies des végétaux et des animaux il ne voyait que des transformations d’un ou de plusieurs types, dans les divers organes qu’un seul et même organe modifié, — et, devinant l’unité dans la diversité, remplaçait partout l’idée de création par celle de métamorphose. Pour Bouilhet. en dépit des tendances de son esprit, les travaux des Gottfried-Reinhold Treviranus et W. Folke de Brème, des Lorenz Oken[2], des Lamarck[3], des Étienne Geoffroy Saint-Hilaire et des Naudin, ces prédécesseurs des Darwin et des Haëckel ont du être lettre close. Le génie poétique ne lui donne aucune intuition particulière et originale des mystères de la création et des lois présidant au maintien des choses créées. La concurrence vitale, la force de l’hérédité, la sélection naturelle, la corrélation de croissance n’apparaissent nulle part, même d’une façon voilée, comme facteurs dans cette peinture du développement des mondes primitifs, et

  1. Wolgang Goëthe. — Zur morphologie : Bildung und umbildung organicher naturen. — Die metamorphose der Pflanzen (1790). Ost ologie (1786) Vortrage über die drei ersten Capitel des Entwurfs einer allgemeinen Einleitung in die vergleichende Anatomic, ausgehend von der osteologie (1786). Zur naturwissenchaft in Allgemeinen (1780-1832). — De la morphologie : Création et formation des corps organisés. De la métamorphose des plantes (1790). Osteologie (1786). Discours sur les trois premiers chapitres du projet d’une introduction générale à l’anatomie comparée et ayant pour base l’ostéologie 1786). De la science de la nature en général (1780-1832)
  2. Lorenz Oken, Abrégé de la philosophie de la nature.
  3. Lamarck, Philosophie géologique, 2 vol. in-8o, Paris, 1809.