Page:Angot - Louis Bouilhet, 1885.djvu/83

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
79
SA VIE — SES ŒUVRES

Que de bois profonds j’offrirais,
Ô Lune, à tes pudeurs jalouses,
À tes ébats, que de lacs frais,
À tes langueurs, que de pelouses !

Oh ! les frais coteaux pour s’asseoir !
Oh ! le sable uni des terrasses
Où tu promènerais, le soir,
Tes pieds d’argent aux blanches traces !

Comme, sans peur d’événements,
On verrait, en lueurs superbes.
Tout ton collier de diamants
S’égrener dans les hautes herbes !

Et comme tu pourrais encor,
À l’abri des vertes arcades,
Balayer, de ta robe d’or,
L’escalier bruyant des cascades !

— « Pauvre ami, dit l’astre aux yeux doux,
La plus chère de mes retraites
Est encore le crâne des fous,
Ou la cervelle des poëtes !… »[1].

Parmi toutes ces poésies que nous essayons d’indiquer dans une course rapide à travers deux recueils, il en est quelques-unes qui doivent arrêter spécialement l’attention du critique, parce qu’elles semblent se détacher des autres comme pour former un groupe d’élite. Qui des lecteurs de Louis Bouilhet ne se rappelle la colombe, l’abbaye, la Terre et les Étoiles, les Mois du Monde, la fille du fossoyeur, le poëte aux étoiles, par exemple ?

«… la colombe, dit Gustave Flaubert, restera peut-être comme la profession de foi historique du xixe « siècle… » Sans aller jusqu’à ce degré d’enthousiasme prophétique, il faut admirer cette large et belle légende. Voici la action qui en forme la trame :

Au moment où le Paganisme vaincu s’écroulait sous

  1. À la Lune.