on nous donne tout ce que nous voulons… Oui, nous avons tout… excepté l’estime des autres et l’estime de nous-mêmes.
Ah ! Fanchette, pourquoi nous as-tu quittées ?
Oh ! tu ne sais pas encore tout ce que je souffre ; tu aimes, toi ! et tu seras la femme de celui que ton cœur a librement choisi ; il sera fier de toi. Moi aussi, j’aime de toutes les forces de mon âme ; mais celui que j’aime ne sera jamais mon mari ; et j’ai été trop heureuse qu’Armand voulût bien s’attacher à moi.
C’est… M. Armand que tu aimes ?…
Oh ! il doit bien t’aimer : tu es si belle !
Je n’ai pas vu Armand depuis huit jours, et depuis huit jours je pleure, je me désespère, j’ai la fièvre ! Armand m’oublie, Armand aime une autre femme peut-être !
C’est impossible !
Oh ! si cela était, j’en mourrais, voyez-vous ! j’en mourrais !
Scène VI
Mais, en effet, c’est bien sa voiture ! elle doit être ici !
Quelqu’un ! Oh ! il ne faut pas qu’on me voie pleurer… Nous n’avons pas le droit d’être tristes, nous !
Eh ! tenez, que disais-je ? la voici. Ah ! chère dame, je vous prends en flagrant délit de banlieue.
Et vous-même ?
Ne vous ai-je pas promis de venir rendre visite à M. Armand, ce jeune peintre que vous protégez !