Page:Anicet, Ponson du Terrail, Blum - Rocambole-IA.djvu/43

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ROCAMBOLE.

Vous m’aviez fait promettre de vous obéir aveuglément, de ne pas vous adresser là-bas une seule question. Mais, à présent que nous voilà revenus à Paris, à présent que vous m’avez appris tant de choses, ne m’apprendrez-vous pas ce que vous voulez faire de moi ?

WILLIAM.

Si.

ROCAMBOLE.

Ah !

WILLIAM.

Assieds-toi là ! prends un cigare et écoute. Oh ! ça va t’intéresser.

ROCAMBOLE, allumant.

Je suis ému d’avance.

WILLIAM.

Oh ! oh ! tu railles déjà ?

ROCAMBOLE.

Il ne faut pas m’en vouloir, j’ai toujours été un peu blagueur… Pardon ! c’est encore un écho de mon passé qui résonne… Sérieusement, je vous écoute.

WILLIAM.

Tu me demandais ce que je voulais faire de toi ?

ROCAMBOLE.

Oui.

WILLIAM.

Un millionnaire d’abord, puis un comte dont la noblesse remonte au temps des croisades ; enfin l’époux de la fille d’un grand d’Espagne.

ROCAMBOLE.

Ah ! bah !… Oh ! je rêve !

WILLIAM.

Non ! non ! tu es bien éveillé…

ROCAMBOLE.

Alors, vous faites des prodiges comme ce diable boiteux dont vous m’avez fait lire la curieuse histoire…

WILLIAM.

J’ai été un pauvre diable, en effet, et j’ai voulu être riche ; j’ai voulu l’être tout de suite. Le jeu seul pouvait me donner une fortune rapide ; j’ai joué, j’ai perdu J’ai tenté de forcer le sort à m’être favorable ; j’y avais réussi lorsque, dans un jour de malheur ou plutôt de maladresse, j’ai laissé tomber