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III

Le plus triste de l’histoire,
C’est qu’on s’ perd sur l’ littoral.
Plus rien à manger, à boire,
Pas l’ moindre bouillon Duval.
Un’ des dam’s de l’équipage
Fut mangée pour le dîner :
Elle avait tant d’ maquillage,
Qu’ tout l’ monde fut empoisonné !


(On danse sur le refrain. La nuit vient.)
TOUS.

Bravo ! bravo !

ALPHONSE.

Je crois qu’il est temps de gagner notre souper.

JEAN.

En route ! et, pendant le chemin, reprise de la musique… ça fera plaisir aux poissons.

TOUS.

Aux barques ! (Tout le monde s’embarque ; on s’éloigne en reprenant le refrain de la ronde.)


Scène III

ROCAMBOLE, qui parait dans l’intérieur de l’auberge. Il est vêtu d’un costume de marinier.

La ! tout est prêt… et me voilà seul et chez moi… Celui à qui appartient cette cassine est allé voir, pour cent sous, ce qui se passe aux Batignolles… il ne reviendra que demain matin. (Tirant sa montre.) Dans dix minutes, ceux que j’attends doivent arriver ; ils peuvent venir, j’ai bien mis à profit l’heure que j’ai passée dans le bateau du père Mathurin… Je crois que j’ai eu une idée assez ingénieuse… Sir William ne s’attend pas à la petite surprise que je lui ai ménagée… Oh ! je vous ai bien compris, cher ami ! vous vouliez vous servir de moi pour tirer les marrons du feu… puis vous m’auriez supprimé ; mais on ne roule pas Rocambole… Il y avait autre chose que de l’argent dans le secrétaire. Pour arriver au but à présent, je sais ma route, et une fortune ne se partage pas. Venture sera aussi de la partie ; sir William doit l’amener avec cet Armand… Il m’ordonnera de les passer tous trois dans l’île ; je connais la rivière comme les goujons qui y sont nés… et je suis sûr de mon fait. (Bruit de voiture. Rocambole regarde à la fenêtre.) Voilà mes trois passagers, je crois… Non ! c’est sir William qui descend du coupé ; mais c’est une femme qu’il amène avec lui. Baccarat, sans doute.