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Page:Anicet, Ponson du Terrail, Blum - Rocambole-IA.djvu/62

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Scène V

FANNY, puis BACCARAT.
FANNY, vidant la bourse sur la table.

Oh ! les beaux louis d’or !… ils sont tout neufs, et il y en a beaucoup !… (Elle compte les pièces d’or. — Au même moment, la porte donnant sur la rue s’ouvre. Une femme haletante, les vêtements en désordre, entre dans la salle. C’est Baccarat.)

BACCARAT.

C’était bien mon coupé qui s’est arrêté là… Ils doivent être dans cette maison !… (Allant à Fanny, qui ne l’avait pas entendue.) C’est bien Fanny qui est là ! (Fanny se lève avec effroi, et veut crier ; mais Baccarat a brusquement fermé aux verrous les deux portes de la route et de la rivière. D’un bond, elle se jette sur Fanny, la renverse et fait briller à deux doigts de sa gorge la lame d’un petit poignard.) Il ne faut pas crier, il ne faut pas bouger… Un mot, un mouvement, je te tue.

FANNY.

Grâce, grâce, ma chère maîtresse !

BACCARAT.

Il n’y a pas de maîtresse ici, il n’y a que la fille du peuple, qui va tuer la drôlesse qui l’a vendue, si elle ne lui dit pas tout ce qu’elle sait du piège infâme tendu à l’homme qu’elle aime, et qu’à tout prix elle sauvera.

FANNY.

Je ne sais rien !

BACCARAT.

Tu veux donc mourir ?

FANNY.

On m’a donné de l’argent pour prendre votre burnous et faire croire à Pierre le cocher que c’était vous qu’il conduisait à Bougival… L’Anglais est monté avec moi dans le coupé et…

BACCARAT.

Et cet Anglais, où est-il ?

FANNY.

Sur la route, où il attend M. Armand.

BACCARAT.

Pour le tuer, n’est-ce pas ?

FANNY.

Mais non, madame, il s’agit d’un pari. L’Anglais m’a emmenée, espérant que, dans l’obscurité et à l’aide de ce