avant de mourir ; pour réparer une erreur fatale, pour réaliser une promesse solennelle faite à un mourant… Je ne puis ni ne dois, Carmen, t’en dire davantage ; sache seulement que ton père a compté sur toi pour accomplir un devoir sacré, et qu’il est certain de ton obéissance.
Que faut-il donc faire, mon père ?
Il faut, chère enfant, consentir à être comtesse de Chamery.
Épouser le comte ? Mais je ne l’aime point, mon père !
Écoute-moi bien, mon enfant. S’il s’agissait de me sauver la vie en contractant cette union, hésiterais-tu ?
Oh ! vous savez bien que, pour vous, je donnerais tout mon sang.
Eh bien, ma chère fille, c’est plus que ma vie que tu vas racheter, c’est mon honneur de gentilhomme : j’ai donné ma parole, et celui qui l’a reçue ne peut plus m’en dégager. Entre nous, à présent, il y a le marbre d’une tombe.
Oh ! mon père, mon père, vous me demandez mon malheur !
Ton malheur ! pourquoi ? Ton cœur est libre. Le comte est jeune, riche, noble ! il t’aime et tu l’aimeras aussi, quand tu le connaîtras davantage.
L’aimer, moi !
Scène IV
M. le comte de Chamery sollicite l’honneur d’être reçu par M. le duc.
Lui, déjà !…
Il vient chercher la réponse. (Au valet.) Faites entrer. (À Carmen.) Rappelle-toi, Carmen, que c’est ton fiancé qui va venir…