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Page:Anicet, Ponson du Terrail, Blum - Rocambole-IA.djvu/77

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ROCAMBOLE.

Mais qui donc ?

LE DOCTEUR.

C’était Baccarat, que tu n’as pas su trouver. Si tu n’as pas pu la voir, elle t’a vu, elle !

ROCAMBOLE.

Comment savez-vous cela ?

LE DOCTEUR.

J’ai remis en quête mes anciens limiers. Je sais encore que la belle Baccarat, certaine de la mort de son amant, croyant connaître son assassin, le cherche partout et ne lui fera ni grâce ni merci. C’est un ennemi redoutable, je t’en préviens.

ROCAMBOLE.

Cette fille qui oubliait si vite les vivants, oubliera bientôt un mort.

LE DOCTEUR.

Oh ! tu ne la connais pas ! Sais-tu ce qu’elle a fait ? Cause involontaire de la perte de ce pauvre Armand, Baccarat n’a plus que deux buts dans sa vie, l’expiation et la vengeance. Elle a rompu avec ses amis et ses habitudes ; elle a vendu ses chevaux, ses voitures, son hôtel ; elle a réalisé une somme importante dont elle a fait deux parts : une pour secourir les pauvres, c’est l’expiation ; l’autre pour retrouver l’assassin, c’est la vengeance. Baccarat habite maintenant une petite maison isolée, rue Saint-Maur-Popincourt, un quartier perdu ; elle a repris le nom de sa mère, et s’appelle madame Charmet.

ROCAMBOLE.

Madame Charmet !

LE DOCTEUR.

Enfin, le démon s’est fait ange… Mais le démon se réveillerait bien vite, si quelqu’un pouvait lui dire, en te montrant : « Voilà celui que vous cherchez ! »

ROCAMBOLE.

Que peut une femme contre deux hommes comme nous ?

LE DOCTEUR.

Eh ! eh ! je ne sais pas trop si la partie est égale, surtout quand la femme est Baccarat…

ROCAMBOLE.

Elle ne m’a vu qu’une fois… la nuit.