C’est moi… Que me voulez-vous ?
Cette lettre a été apportée tout-à-l’heure par un homme que j’ai remarqué hier, suivant à cheval votre chaise de poste.
Encore du mystère… C’est bien, donne. (Le domestique sort.) Une lettre qui m’est adressée ici… c’est de Gaussin ! J’aurais dû le deviner… elle m’a fait suivre, elle me rappelle.. pauvre femme, comme elle m’aime ! (Lisant.) « Mon ami, c’est aujourd’hui, à dix heures du matin, que finit notre bail d’amour : je vous remercie de me l’avoir rappelé ; adieu Reginald, bonheur et liberté, votre amie Gaussin. Ne vous ravisez pas, il serait trop tard ; dette payée, dette oubliée. » Trahi !… moi qui pensais toujours à elle, moi qui croyais être aimé pour moi-même, je ne l’étais que par la puissance d’un philtre !… c’est humiliant… Oh ! je me vengerai… Au diable Champrigaux et son miracle ! à Paris, morbleu ! à Paris et malheur à mon rival !… (Il va sortir, quelques accords de clavecin se font entendre, il s’arrête.) Hein ! qu’est-ce que c’est que cela ?… Ah ! ma tante qui va jouer un menuet… partons.
Air au choix de l’actrice.)
Je ne me trompe pas !… c’est une voix de jeune fille !