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Le théâtre représente la même salle qu’au premier acte ; mais l’ameublement est renouvelé.

PERSONNAGES. ACTEURS.
CHAMBORD (44 ans), M. Achard.
PASCAL (48 ans), M. Leménil.
FRÉDÉRIC DE SPELBERG (68 ans) M Grassot.
WHILHELM DE RANSPACH (18 ans) Mlle Pernon.
MINA (35 ans) Mme Leménil.
LEHNA DE SPELBERG Mlle Joséphine.
Invités, Valets, etc.

Scène PREMIERE.

SEIGNEURS, puis FRÉDÉRIC et WILHELM, LEHNA, LE BARON.
CHŒUR.
Air du Fidèle Berger.
––––––La noblesse du voisinage
––––––Vient assister au mariage ;
––––––En ces lieux nous accourons tous,
––––––Pour fêter les jeunes époux.
LE BARON[1].

Merci, mes chers amis… merci mille fois de vous être rendus à mon invitation… Permettez-moi de vous présenter l’unique rejeton de la noble famille de Ranspach… le fils de cette pauvre Wilhelmine, qui n’a pas même reçu les premières caresses de son enfant ; vous le voyez, c’est tout le portrait de sa mère… vous savez tous que c’est mon futur gendre.

WILHELM, lui prenant la main[2].

Mon bon tuteur, je vous devrai le bonheur de ma vie.

LE BARON.

Nous ne me devrez rien… ce mariage ne comble-t-il pas tous les vœux de ma petite Lehna, qui sera toute heureuse et toute fière lorsque ce soir on l’appellera baronne de Ranspach !…

LEHNA.

Excellent père !…

LE BARON.

Mme de Spelberg, ma femme, désirait aussi ce mariage… la première, elle s’est aperçue de votre amour pour ma chère Lehna et, malgré l’indisposition qui la retient à Spelberg… elle a voulu que le jour de votre sortie du collége de Munich fût celui de la célébration de votre mariage… La signature du contrat aura donc lieu dans quelques heures, et nous quitterons demain votre château pour retourner à Spelberg… Ainsi, Wilhelm, vous avez toute cette journée pour faire connaissance avec le manoir de vos ancêtres… Maintenant, mes amis, liberté toute entière… en attendant l’heure du déjeuner… la bibliothèque et le parc sont à votre disposition.

REPRISE DU CHŒUR.

Ils sortent.


Scène II.

FRÉDÉRIC, WILHELM.
WILHELM.

Me voici donc enfin dans le château de ma mère !

FRÉDÉRIC.

Oui, mon ami, vous y êtes. Mais qu’avez-vous donc ? ce trouble… cette agitation… je ne vous comprends pas.

WILHELM.

Puis-je revoir sans émotion… ces lieux autrefois habités par elle ?… Rien n’est changé dans le parc, n’est-ce pas ?… rien n’est changé ?

FRÉDÉRIC.

Les arbres sont intacts, ils n’ont fait que croître et embellir… le château, qui depuis dix-huit ans n’avait pour hôte que le concierge, vient d’être restauré sur toutes ses faces, sauf une seule pièce.

WILHELM.

Laquelle !

FRÉDÉRIC.

La chambre de votre mère.

WILHELM.

La chambre de ma mère merci, mon cousin, merci pour la bonne pensée que vous avez eue de respecter cette chambre. Je vous étonne, n’est-ce pas ? vous ne pouvez concevoir un tel amour pour celle que je n’ai jamais connue… ah ! c’est qu’au collége de Munich, quand j’entendais mes camarades parler de leur mère, quand je les voyais si heureux de leur amour, je reprochais à Dieu de m’avoir enlevé la mienne.

FRÉDÉRIC.

Le ciel ne vous pas donné en moi un bon parent, un excellent tuteur ?… Quand arrivaient les vacances, je vous les faisais passer ou dans une de vos fermes, ou bien encore chez moi, où vous aviez pour seconde mère Mme de Spelberg, et pour compagne ma petite Lehna… qui ce soir deviendra votre femme.

WILHELM.

Tant de bonheur à moi, dont la fortune est loin d’égaler la vôtre, sans doute !

FRÉDÉRIC.

Oh ! vous ne connaissez pas votre fortune : vous avez une masse de châteaux, de fermes et de pâturages… ah ! je la sais par cœur votre fortune, j’en ai fait autrefois une étude toute particulière.


Scène III.

Les Mêmes, UN DOMESTIQUE, au fond.
LE DOMESTIQUE.

Le déjeuner est servi ; on n’attend plus que ces messieurs pour se mettre à table.

  1. Lehna, le Baron, Wilhelm.
  2. Lehna, Wilhelm, le Baron.