Page:Anicet Dgenguiz Kan ou La conquete de la Chine.djvu/24

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IDAMÉ. Ma mère !… ma mère !…

Mouvement général.

ONLO, reculant et laissant tomber son glaive. Prodige !

ELMAÏ. Oui, mes amis, c’est par un prodige que mon enfant ma été rendue !… elle existe… grâce au dévouement de cet homme… Il a trompé la haine de Dgenguiz….. il lui a enlevé sa victime !….. Peuple, soldats, voilà ce qu’a fait pour vous cet étranger, dont, tout-à-l’heure, je demandais, comme vous, le supplice.… et maintenant votre impératrice le bénit et l’adore à l’égal de Dieu ! car il a fait pour elle ce qu’il semblait que Dieu seul eût la puissance de faire.

Idamé, qui s’était soulevée au moment où on allait frapper Marco, écarte son voile et porte la main à son front comme pour rappeler ses souvenirs.

IDAMÉ. Où suis-je ? Marco ! tu m’as promis de me rendre à ma mère !

ELMAÏ. Et il a tenu son serment… Ta mère, ton heureuse mère est là, près de toi.

IDAMÉ. Ma mère ! oui… oui… oh ! ma mère ! (Elle tombe dans ses bras.) Mes amis !… mes amis ! mon sauveur… c’est lui !…

MARCO. Oh ! vous ne me devez rien maintenant ; vous avez détourné le glaive qui m’allait frapper.

Mouvement.

ONLO. Quel est ce bruit ? Dgenguiz nous attaquerait-il ?


Scène VII.

Les Mêmes, UN OFFICIER.

L’OFFICIER. Madame, l’armée de Dgenguiz-Kan s’est emparée déjà de toutes les routes principales… aucun secours ne peut plus pénétrer dans la ville… Un officier mongol s’est présenté tout-à-l’heure à la porte du Nord et a demandé, au nom de son maître, à être conduit devant vous… il est, dit-il, chargé de traiter avec vous de la paix.

ELMAÏ. Oh ! qu’il vienne ! qu’il vienne ! cette guerre nous a déjà coûté trop de larmes et de sang !


Scène VIII.

Les Mêmes, HOLKAR.

HOLKAR. Femme de Tschongaï, tu sais déjà la défaite et la captivité de ton époux ; si Dgenguiz-Kan n’avait écouté que son juste ressentiment, Tschongaï aurait payé de sa tête son odieuse trahison !.. Dgenguiz-Kan n’a pas encore frappé… il vous offre même, par ma voix, de rendre à Tschongaï ses armes et sa liberté.

Mouvement.

ELMAÏ. Je connais ton maître, et ne doute pas qu’il mette à sa clémence des conditions telles que nous ne puissions les accepter.

HOLKAR. Il veut que les portes de cette ville lui soient ouvertes ; que le trésor impérial lui soit livré… que Tschongaï renonce pour jamais à son trône, et…

ELMAÏ. Assez ! Je te disais bien que la générosité de ton maître n’était qu’une amère raillerie.. Pour sauver l’empereur nous ne livrerons pas l’empire ! on ne rachète pas la vie d’un homme avec la liberté d’un peuple !

ONLO. La sagesse a parlé par votre bouche, madame… Que Dieu veille sur l’empereur ! mais plutôt qu’une paix infamante, la guerre !

TOUS. Oui, la guerre !

ELMAÏ. Tu l’entends ? ta mission est remplie… tu peux te retirer.

HOLKAR. Il est encore une rançon que mon maître accepterait pour la personne de Tschongaï.

ELMAÏ. Cette rançon… quelle est-elle ?

HOLKAR. Cet étranger qui, pour vous, je le vois, a trahi la cause de Dgenguiz-Kan, qui l’avait appelé son hôte et son ami. Je dirai à mon maître : Idamé est vivante, je t’amène celui qui l’a sauvée, veux-tu sa tête en échange de celle de Tschongaï ? Je suis certain qu’il n’hésitera pas.

IDAMÉ. Barbare ! as-tu pensé que nous consentirions jamais.

HOLKAR. Prenez garde, madame, il s’agit de sauver votre père !

IDAMÉ. Mon père !

MARCO. Entre Tschongaï et Marco votre cœur ne peut balancer un seul instant ! Idamé ! je vous ai fait le sacrifice de ma vie, et ce sacrifice, il me sera doux de l’accomplir. Holkar, je suis prêt à vous suivre.

IDAMÉ. Ma mère !

ELMAÏ. Arrêtez !..

ONLO, bas à l’impératrice. Madame, je comprends qu’il en coûte à votre cœur de livrer à la vengeance d’un ennemi impitoyable le généreux étranger qui a remis votre fille dans vos bras… mais le salut de l’empire doit parler plus haut que la reconnaissance dans le cœur de l’inpératrice !.… L’arrivée de Tschongaï ranimera le courage et l’espoir de nos guerriers ; avec Tschongaï nous pouvons vaincre encore. Si vous hésitez à prononcer seule la sentence de l’infortuné Marco, faites assembler le conseil, et vous exécuterez seulement ce qu’il aura décidé.

ELMAÏ. Oui, que le conseil se réunisse