tinés, qui alimentent d’interminables controverses. Gardons-nous d’enrichir de nouveaux et oiseux développements la littérature du sujet. Ne suffit-il pas de rappeler de quoi il s’agit, et de qui ? Il s’agit d’enfants de moins de treize ans et de ce que l’école a le droit de leur enseigner à titre obligatoire. Le bon sens crie qu’elle ne peut imposer à tous les enfants que ce qui est approuvé de tous les parents. Pour le reste, idées religieuses, métaphysiques, philosophiques, politiques, sociales, l’État s’abstient, il commande à l’instituteur de s’abstenir, parce que l’État est honnête homme. Se servir de l’école publique pour ou contre une église ou un parti, ce serait le dernier des abus de confiance. Voilà tout le secret de la neutralité scolaire.
Là non plus, d’ailleurs, il ne faut rien rêver d’absolu. Le contact même qu’établit l’école entre personnes de croyances et d’opinions différentes, maîtres, élèves, parents, leur apprend à se départir d’un excès de rigueur et de certaines exigences pointilleuses qui attesteraient moins le souci de défendre un droit que l’incapacité de supporter la contradiction. Mais dans les limites que le bon sens et la bonne foi se chargent de fixer, l’État se refuse à toute ingérence dans le for intérieur, à toute intervention indiscrète, à toute tentation de jeter le poids de son influence dans la lutte des idées. Il donne ou il fait donner : à l’enfant, le minimum des moyens de relation avec ses semblables ; à l’adolescent, les méthodes et les habitudes d’esprit qui lui permettront de penser et d’agir en homme. D’une façon générale et par une discipline, comme on dit ailleurs, toute propédeutique, il les prépare à être les hommes de leur temps et de leur pays, rien de plus. Quant à les obliger ou à les empêcher d’être un jour catholiques ou libres penseurs, conservateurs, radicaux ou socialistes, c’est une tache dont l’école nationale ne se charge pas. Le plus grand service que la société d’aujourd’hui puisse rendre à celle de demain, c’est de ne pas vouloir la façonner par avance.
Telle est, si l’on ne craignait un terme trop ambitieux, la philosophie du mouvement scolaire contemporain en France.