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Page:Année galante ou Étrenne à l’amour, 1773.djvu/63

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No. IX.

CONTE
Le Mariage de neceſſité Anec. Françoiſe


Un officier etoit epris des charmes d’une jeune Delle dans sa province qui repondoit assés bien a sa passion C’est a dire qu’elle l’aimoit pour le moins autant qu’elle en etois aimée, son Pere et sa Mere qui ne trouvoient point dans le Gentilhomme un parti convenable firent tout ce qui dependoit d’eux des qu’ils s’en apperçurent pour l’empecher de parler a leur fille et meme de la voir ce qui ne faisoit qu’augmenter la tendresse que les deux jeunes gens avoient l’un pour l’autre, mais quoique ces mêmes parents evitasent eux mêmes pour cette raison toute relation avec l’Officier, comme il etoit cependant non seulement leur voisin mais encore d’une famille anciennement voisine et alliée, ils ne purent se dispenser de l’inviter a une partie de chasse qu’on faisoit ordinairement au mois de Septembre pour l’ouverture de la Campagne et a laqu’elle les Dames assistoient pour la rendre plus gaye, tablants la dessus nos deux amants concertent ensemble de se perdre et se donnant un rendez vous ; la chasse commence il s’agissoit de prendre un Chevreuil et a meme assez de succes pour appliquer les assistants et donner aux amoureux le moyen de realiser leurs projets qu’ils realisèrent par parenthese tant qu’ils purent cependant ils ne furent pas long-tems a reparoitre, et on ne se doutat de rien : on prit ce jour la plusieurs Chevreuils ce qui n’est pas fort interressant, mais ce qu’il l’est davantage, c’est que deux mois après la Dlle se jette aux pieds de son Pere et de sa Mere leur declare tout ce qui est arrivé et meme ce qui en resultoit, elle les coñoissoit au mx la Péllerine ; Ceux ci commencent par envoyer chercher un Chirurgien et s’etant assuré par son moyen de la verité des faits « tu nous a trompé ma chere fille lui dirent ils nous voulions ton bonheur et tu la cherché par un moyen qui ne pouvoit que nous faire beaucoup de peine, ce n’est pas l’instant de te faire des reproches il seroient sans remede et tu est dans un etat qu’il faut respecter, mais voici le souhait que nous te faisons bien sincerement c’est que tu ne sois jamais punie de la demarche que tu a faite seulle et sans nous, apres cela ils firent venir le jeune homme a qui ils se plaignirent d’une maniere plus vive, et qu’ils menacerent meme s’il ne se rendoit pas toujours digne de la tendresse de sa femme, ils ne s’occupèrent plus ensuite qu’a les réunir par le Mariage.