408 ANNALES D'HISTOIRE ÉCONOMIQUE ET SOCIALE
garde d'être historien autant que géographe et, comme on ne peut tout appro- fondir en même temps, il lui aurait donc fallu se borner, surtout, encore une fois, quand il ouvrait à peu près une voie ; c’est un mérite que nous n'oublions pas, mais dans des limites très déterminées.
Les études d'histoire urbaine proprement dites ne peuvent être faites sans publications de textes. Nous devons d’abord signaler des travaux prépara- toires aux éditions : ce sont des catalogues d'actes régionaux. On sait que la Société d'Histoire du Droit a entrepris la recherche ct la publication des chartes de franchises et documents annexes de la France. Deux catalogues ont paru, l'un consacré à l’ancienne Lorraine des origines à 1850, date per- sonnelle un peu arbitraire, par M. Evwonv Perin !, l'autre s'appliquant au Poitou, des origines à 1789, par Mie Mapeueive Diuvay #. En dehors du catalogue proprement dit, chaque travail présente les introductions, notes et tables désirables; le second même possède une carte. M. Perrin ne signale que les chartes proprement dites, avec leurs annexes directes, ratifi- cations, suppressions, etc. Mue Dillaÿ y ajoute des pièces complémentaires qui aident à fixer les principes du droit urbain : telles des sentences royales réglant des conflits de juridiction entre le maire et les officiers du roi 3. IL paraît, en effet, nécessaire, si l’on veut connaître entièrement les principes de la vie juridique d'une ville, de ne pas se borner aux chartes de privilèges proprement dites. Les deux travaux de Mu Dillay et de M. Perrin sont des œuvres d'une réelle valeur, que nous avons plaisir à signaler et à louer ici, en souhaitant qu'elles suscitent de nombreux imitateurs : des travaux de cette nature déblagent et jalonnent le terrain en attendant les éditions mêmes. Nous ne pouvons d'ailleurs entrer dans le détail de ces recherches, qui relèvent plutôt du droit pur et de la diplomatique que de l’économie : nous regrettons simplement que l’ordre selon lequel les villes sont disposées, en Lorraine, soit chronologique et non, comme en Poitou, alphabétique. Ce que M. Perrin a eu le mérite de créer, Mue Dillay a eu la possibilité de le perfec- tionner.
Nous désirons cependant attirer l'attention sur une différence sociale extrême qui sépare les deux régions considérées. Dans la Lorraine, pour un espace restreint et un temps limité, M. Perrin a pu réunir 284 chartes relatives à 910 localités : en principe, il n’y a donc même pas une charte par agglomé- ration ; mais, en fait, il en existe quelquefois plus d'une, certaines pièces con- cernant simultanément plusieurs places. Dans le Poitou, pour un espace plus étendu et toute la période du droit urbain, Mie Dillay a rassemblé 100 textes, qui se rapportent à 13 localités, dont Saint-Maixent et Fontenay-le-Comte avec 10 et 12 documents, Niort avec 21 et Poitiers avec 33. La première région paraît donc être aussi riche que l’autre est pauvre et celle-ci est d'autant plus
4. Catalogue des chartes de franchises de la Lorraine antérieures à 1360 (Annuaire de la Sociéié d'hiat, ec d'archéologie de La Lorraine, 1. 33, 1924. — Tir. à part Metz, Imp. Even, 8. d., In-8°, 145 p. Ce catalogue ne fait pas partie de la collection publiée par la Société d'Histoire du Droit.
2. Les chartes de franchises du Poitou, Paris, Société du Recuell Sirey, 1927, In-8°, 105 p., une carte (Catalogue des chartes de franchises de La France, 1).
3. Catalogue, D. 19, 49; voy. introduetlon, p. x-x1.
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