INSTITUTIONS VASSALIQUES 133
11 dominio universale feudale e 1 jus cunnatici in Terra d'Otranto. — Dans ce petit travail, écrit avec beaucoup de sobriété et de précision, Mr GENNaro Marta Mowr: examine tour à tour deux problèmes :
49 Vers la fin de l’ancien régime, les institutions « féodales» (j'aimerais mieux, pour ma part, seigneuriales) de la Terre d'Otrante s'opposaient, de la façon la plus saisissante, à celles des autres provinces napolitaines. Alors que, généralement, dans le royaume, les droits seigneuriaux étaient réduits à peu de chose, dans la Terre d’Otrante leur poids restait prodigieusement lourd. Pourquoi ce contraste ? Raisons d'ordre purement politique, répond Mr Monti. De 1085 à 1463, presque sans interruption, cette zone extrême avait formé une principauté — dite «de Tarente», — d'abord indépendante, puis vassale et à ce titre apanage habituel des branches cadettes, d'une manière ou de l’autre toujours à part du reste de l'État ; elle échappa ainsi à cette forte pression de la monarchie qui, partout ailleurs, sous les rois nor- mands et souabes et leurs successeurs immédiats, affaiblit les pouvoirs des seigneurs sur leurs hommes. L'explication est ingénieuse. Mais le problème eût mérité sans doute d'être creusé plus à fond. Les transformations de la seigneurie napolitaine, en général, s’expliquent-elles uniquement par ces fluences gouvernementales qui, dans la Terre d'Otrante, se trouvèrent man- quer ? L'action de la classe seigneuriale elle-même, les conceptions qu'elle se fit de ses intérêts, aux différentes époques, n'y furent-elles pas aussi pour quelque chose ? Il est bien connu, en tout cas, que la dissolution des vicux liens du vilainage eut pour résultat, dans la plus grande partie du royaume, une large prolétarisation des masses rurales. La Terre d'Otrante a-telle ignoré ce dernier phénomène ? Souhaitons que M Monti reprenne un jour l'examen de ces questions capitales. L'historien du régime seigneurial euro- péen trouve, dans les développements: si particuliers de l'Italie du Sud et de l'Italie des les, des terrains d'expérience naturels; mais les faits sont complexes et, pour les érudits étrangers au pays, parfois difficilement saisissables; solide- ment armés pour leur étude, des savants de la valeur de Mr Monti se doivent de nous les rendre accessibles.
2 Parmi les charges qui pesaient sur la Terre d'Otrante, figurait un droit en argent sur les mariages, que, avec sa verdeur habituelle, le langage du vieux temps nommait volontiers : jus eunnatieï. Atténuation d'un antique jus primæ noctis, jadis prélevé en nature, par le seigneur, sur la jeune épousée? Non, dit Mr Monti, mais, beaucoup plus simplement, forme locale de ces rede- vances matrimoniales, dont on relève de nombreux exemples en Italie, et — pourrait-on ajouter — dans toute l'Europe. M° Monti, si je comprends bien Sa pensée, inclinerait à reconnaître dans cet impôt seigneurial une obligation d'origine religieuse ; le paiement aureit eu pour objet primitif de dispenser les jeunes mariés de ces premières nuits de continence — les « nuits de Tobie » — que la morale ecclésiastique prétendait leur infliger. 11 se peut ; et, en ce cas, je suppose, l'attribution de la redevance au seigneur devrait être considérée comme une suite de l'appropriation des revenus paroissiaur toutes façons on accordera aisément à l'auteur que le fameux droit, que Beaumarchais a popularisé, n’a rien à voir ici : ce qui ne veut pas dire que la question du jus primæ noctis, en général — problème passionnant pour le folkleriste el pour l'historien des origines scigneuriales, mais qu'il faudrait
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