448 ANNALES D'HISTOIRE ÉCONOMIQUE ET SOCIALE
traduction n'est ni élégante, ni toujours claire, et les termes techniques sont rendus avec une insuffisante fidélité.
Le livre lui-même, extrêmement instructif et d'un intérêt qui jusqu’à la dernière page ne faiblit pas, se prête malaisément à l'analyse. À quoi bon, du reste, le résumer ? Mieux vaut chercher à mottre l'accent sur la méthode suivie et les principaux problèmes soulevés.
La répartition des matières est conforme aux habitudes courantes. Deux périodes, les deux périodes traditionnelles : «le moyen Age» ; «l'ère moderne». À l'intérieur de chacune de ces grandes sections chronologiques, le classement, également usuel, par « espèces de la production » (pour employer le langage de M. Simiand) : agriculture, industrie, commerce ; puis quelques chapitres ‘non endivisionnés» : population [il faut remercier vivement M. Rutkowski de n’avoir pas négligé cette question, si importante et si difficile à traiter) !, villes, monnaies, finances. Il semble bien que M. Rutkowski ait éprouvé, au sujet de ce découpage, les doutes qui ne peuvent manquer d'assaillir tout historien aux prises avec le douloureux problème de la classification écono- mique (voir l’Anéroduction, p. x1 et suiv.). S’ il s'en est tenu, malgré tout, au système communément admis, c'est moins par conviction intellectuelle que pour des motifs tout pratiques : il a jugé commode de suivre le plan adopté par la plupart des monographies sur lesquelles il s’appuyait ; il à vraisem- blablement craint de dérouter son lecteur. Raisons d’un grand poids, sans doute. Quel dommage pourtant qu'il ne se soit pas senti plus d'audace ! Puisque, de son propre avis, les faits agraires eurent, en Pologne, une « impor- tance» toute «spéciale», n'aurait-il pas pu trouver dans l'évolution rurale et, plus précisément, dans le passage si caractéristique de l'exploitation s gneuriale à l'exploitation domaniale (Grundherrschaft et Gutsherrschaft à historiens allemands}, le principe d’une division dans le temps, d'ordre vr ment économique ? Le trait de séparation se serait en ce cas placé plutôt au début qu'à la fin du xve siècle. Surtout, comment, si justement attentif à l'histoire monétaire, s'est-il résigné à suivre le vicil errement qui fait de la monnaie, en histoire éconemique, une espèce d'épiphénomène que, faute de savoir très bien où le placer, on relègue vers la fin de l'exposé ? N'est-ce pas se condamner à masquer toute une série de relations essentielles ? Ces obser- vations ne sont pas particulières à M. Rutkowski. Bien d’autres ouvrages les appellent ; nous aurons l’occasion d'y revenir.
Parmi les principaux problèmes étudiés, qui ne sauraient être tous retenus ici, deux m'ont paru entre tous capitaux : la place de la Pologne dans les courants commerciaux ; l'évolution agraire.
Pendant la plus grande partie du moyen âge, la Pologne avait été un des intermédiaires du commerce, par voie de terre, entre l'Europe du Centre, du Nord et de l'Ouest d'une part, l’« Orient » de l’autre. Depuis le xve siècle malgré quelques tentatives de reprise par la suite, ces relations périclitèrent. La vie commerciale du pays se tourna presque tout entière vers la Baltique. Un fait, mentionné pour la première fois en 1497, est entre tous significatif jusque-là les produits du Levant arrivaient en Pologne par les routes du Sud- Est ; désormais ils font le grand détour ; ce sont les pays d'Occident qui les
4. Quelques mots d'introduction géographique ane tion au sol.
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