LE PROBLÈME DE LA POPULATION EN U.R.S.S. 58
Si l'on regarde une carte de PU. R. S. $., sur laquelle des points noirs indiquent les groupes de 10000 habitants, on aperçoit tout d'abord une forte tache noire à l'Occident ; puis la tache s’estompe rapidement en direction de l'Est, un peu moins rapidement vers le Nord-Est, où l'on rencontre encore une forte tache — celle de la région centrale industrielle —et vers le Sud-Est, où l'on trouve ausei des séries de taches le long de la mer d'Azov et sur les deux flancs du Caucase. En Asie, nous trouvons deux lignes de peuplement bien moins marquées qu'en Europe, l'une en Transcaucasie, au Sud de la mer d'Aral, l'autre en Sibérie occidentale, loin dans le Nord-Est de la mer d'Aral et se prolongeant par une série de points clairsemés en direction du Pacifique. Par conséquent, en dehors de la région occi- dentale qui, nous le verrons plus loin, peut être considérée comme suffisamment peuplée, il reste encore pour l'essaimage de la population toute la région pré-asiatique et surtout la Russie d Asie. Ce mouve- ment de la population vers l'Est ne serait du reste que la continuation du processus constaté au cours des siècles passés. Jusqu'au xvie siècle, le peuple russe a servi de tampon à la civilisation occidentale contre les invasions asiatiques. Pendant le xive et le xv siècle, les principautés ont vu se replier les populations qui vivaient jusque-là tant bien que mal à côté des Mongols et des Tartares. Ce n’est qu'à la fin du xve siècle que commencèrent à se constituer des marches mili- taires pour protéger la région centrale de la Russie d'Europe. Or, au xvie siècle, cette ligne de défense militaire passait grosso modo par Kiev, Toula et Nijni-Novgorod, c'est-à-dire laissait au Sud-Est pres- que une moitié de la Russie d'Europe. Au siècle suivant, une fois finie la « période de troubles », la colonisation s’étendit toujours plus vers l'Est et le Sud-Est. Il ne restait plus à cette époque en Russie d'Eu- rope qu'une région à peu près vierge qui s’étendait au Sud-Est de la ligne Odessa-Samara. En même temps que s’opérait cette avance vers le Sud-Est, d’autres masses de colons plus ou moins dirigés par l'autorité centrale poussaient vers l'Oural et la Sibérie, si bien qu'au milieu du xvine siècle il apparut nécessaire de constituer une seconde ligne de défense militaire le long du fleuve Oural. Enfin, dès cette même époque, le courant colonisateur se porte vers la mer Noire et la Caspienne ; la Russie d'Europe se trouve tout entière en voie de peu- plement. En même temps le flot colonisateur débordait sur la Sibérie et la Transcuucasie.
Ainsi, au cours des siècles passés, la masse russe toujours en voie d’aceroissement a dû chercher des zones d'expansion en s'écartant toujours plus du Centre par la migration vers l'Est. Mais, déjà au x1xe siècle, ce mode d'expansion ne suffit plus. A partir de 1860 l'émi- gration outre-mer se développe avec rapidité. En trente ans, de 1860 à 1890, le nombre des émigrants dépasse le million. De 1890 à 1915, il
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