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III

Les Négritos des Philippines et les Andamanais sont donc reliés entre eux par un témoin qui a subsisté dans le centre de la Péninsule malaise, et l’on doit accepter la thèse proposée par Crawfurd et défendue avec tant de persévérance par de Quatrefages. Mais jusqu’où cette race a-t-elle autrefois étendu son domaine ? J’ai dû me contenter de chercher les limites orientales et occidentales de ce domaine, et encore dois-je reconnaître que je ne suis pas arrivé à des résultats précis sur l’un ni sur l’autre de ces points. De nouvelles recherches sont nécessaires.

La limite orientale, je suis allé la chercher à l’extrémité des Îles de la Sonde. Quelques voyageurs avaient indiqué là des populations à cheveux crépus cantonnées dans les montagnes et entourées par les Malais. Je n’ai pas retrouvé, dans les régions que j’ai visitées, cette localisation si favorable aux études ethnologiques. Autour du détroit de Florès, dans la partie orientale de la grande île du même nom et dans les trois îles plus petites qui se trouvent immédiatement à l’Est, tous les indigènes ont des mœurs identiques (religion à part), une langue commune, et une unité politique relative sous la suzeraineté du rajah de Larantuka. Cette sorte de nation, qui porte le nom de Solor, se compose d’éléments ethniques très divers, non point juxtaposés, mais partout mélangés, sans que pourtant il en soit résulté un type mixte uniforme.

Un seul caractère leur est commun, la couleur de la peau, qui est d’un brun chaud. Deux types pourtant se retrouvent souvent bien caractérisés : l’Indonésien et le Papou. Je parle de l’impression d’ensemble qui frappe l’observateur. À ce même point de vue, quelques individus, relativement rares, reproduisent le type Négrito. Malheureusement l’analyse anthropométrique est très difficile, parce qu’il ne me semble pas qu’on puisse ici se servir des indiens crâniens, un grand nombre des sujets présentant une brachycéphalie exagérée qui doit être mise sur le compte d’une déformation artificielle. Autant qu’on en peut juger, la grande masse de la population serait, sans cet usage, sous-dolichocéphale, avec quelques vrais brachycéphales (Malais). Les tailles fournissent des indications intéressantes : 36 hommes m’ont donné une moyenne de 1m,584 pour une série continue de 1m,49 à 1m,66, avec plusieurs maxima dont un très accusé à 1m,55, une autre à 1m,62, avec un maximum intermédiaire à 1m,59. Nous trouvons ici la marque du mélange d’au moins deux races de taille différente. La plus élevée doit être rapportée au Papou, comme l’indique l’observation suivante.

À Timor, dans la partie Sud-Ouest, aux environs de la capitale hollandaise Kupang, on trouve une population où l’élément papou,