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Page:Annales de Géographie, tome 5, oct 1895-oct 1896 -1896.djvu/10

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ANNALES DE GÉOGRAPHIE

I. — GÉOGRAPHIE GÉNÉRALE

DÉPRESSIONS ET DÉSERTS

L’un des traits les plus caractéristiques de la géographie est la fréquente coïncidence des déserts avec les territoires déprimés qui n’ont pas d’écoulement vers la mer. Le Sahara, le désert de Gobi, la dépression Aralo-caspienne, le Grand Bassin du Lac Salé, en Amérique, en sont de frappants exemples. Une telle coïncidence ne saurait être absolument fortuite. Elle semble indiquer qu’il doit y avoir, dans la condition propre des régions déprimées, et en dehors des circonstances extérieures qu’elles subissent, quelque chose qui les prédispose au régime désertique. C’est la mesure de cette détermination que nous nous proposons ici d’examiner.

Nous rappellerons d’abord que la qualification de déserts convient aux contrées où la sécheresse de l’air est assez grande pour que la végétation ne puisse pas, au moins d’une manière permanente, prendre possession de la surface. Dans ce cas le sol, privé du soutien qu’apportent les racines, et dépourvu de la cohésion que l’humidité donne même aux terrains meubles, se trouve exposé, sans protection, tour à tour à l’ardeur des rayons solaires et au froid de la nuit. Il se désagrège donc peu à peu en menus fragments. Alors il devient la proie du vent, qui renouvelle sans cesse les surfaces d’attaque, accumulant les sables, sous forme de dunes instables, partout où une cause quelconque entrave le libre déplacement des particules.

L’observation a fait connaître la limite à partir de laquelle ces conditions sont réalisées. D’après les chiffres qui ont cours en météorologie, l’ensemble de la terre ferme reçoit, chaque année, une quantité d’eau (pluie, neige, brouillard ou givre) qui, si elle était également répartie et demeurait sur le sol sans évaporation ni infiltration, y formerait au bout de l’année une couche de 844 millimètres d’épaisseur (ce qui correspond à un volume de 122 380 kilomètres cubes). Mais,