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L’ATLANTIDE DE PLATON

leusement propres à l’usage par l’agrément et la vertu de leurs eaux ». — « Polybe, — dit Strabon, — décrit la source d’eau potable, qui se trouve dans l’Hérakleion de Gadès… Posidonios prétend que l’Hérakleion a deux sources, et la ville, une troisième… » Cet Hérakleion était en vérité un temple de Melkart, le dieu des navigations et de la mer, l’émule tyrien du Posidon hellénique.

« L’aménagement soigneux et savant des eaux douces à travers la ville, — dit Platon, — permettait d’y entretenir les plus beaux jardins, avec des arbres de toutes essences, d’une beauté et d’une hauteur divines. » — « Posidonios, — dit Strabon, — raconte qu’à Gadès il est un arbre dont les rameaux se courbent vers le sol et dont les feuilles en forme de glaive ont une coudée de long et quatre doigts de large. »

« Dans l’Hérakleion, — dit Strabon, — on montre deux colonnes de huit coudées, et certains veulent y reconnaître les Colonnes d’Héraklès ; elles portent en vérité les comptes des dépenses que nécessita la construction du temple ; mais ceux qui, au bout d’une longue navigation, venaient y sacrifier au dieu, racontèrent qu’elles marquaient l’extrémité du monde.»

L’autorité des dix rois et leurs rapports étaient réglés, — dit Platon, — d’après les décrets de Posidon. La tradition le leur prescrivait, ainsi qu’une inscription gravée sur une colonne d’orichalque, qui se trouvait au centre de l’île, dans le temple de Posidon… Lorsque les rois devaient rendre la justice, ils se donnaient d’abord mutuellement leur foi en la forme que voici. On lâchait des taureaux dans l’enclos sacré de Posidon. Les dix rois, restés seuls, priaient le dieu de leur faire capturer la victime qui lui serait agréable ; puis ils se mettaient en chasse, sans armes de fer, avec des épieux de bois et des filets seulement. Celui des taureaux qu’ils prenaient, ils le menaient à la colonne et l’égorgeaient à son sommet, comme il était écrit : sur la colonne, outre ces règlements, était gravé le texte d’un serment avec les anathèmes les plus terribles contre le parjure…

Est-il besoin de dire que Cadix a toujours sa Plaza de Toros où l’on amène encore, du continent voisin, les taureaux sauvages ? Cette Plaza est sur le Recinto del Sur, « l’Enceinte du Sud », qui borde la mer libre :

Cadix, — dit le Baedeker (1900), — occupe un site pittoresque sur un bas rocher de calcaire conchylien, baigné presque de tous côtés par l’Océan. De fortes murailles, hautes de 10 à 15 mètres sur environ 6 mètres d’épaisseur, protègent ce rocher contre la fureur des vagues, car la différence de flux et de reflux est de 2 mètres à peu près et même de 3 mètres à marée haute… La ville se distingue par son élégance et sa propreté. Les maisons brillent d’une blancheur éclatante, qui donne raison au proverbe espagnol, renouvelé de l’arabe : « Cadix est un plat d’argent posé sur la mer ». Le marbre, provenant en général d’Italie, a été prodigué avec profusion dans les escaliers, les vesti-