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L’orientation opposée des aurores dans les deux hémisphères ; — les anomalies de cette orientation également opposées dans les deux hémisphères ; — et en troisième lieu, l’opposition que je viens d’indiquer entre les vents inférieurs et l’orientation des aurores, toutes ces raisons conduisent à penser que la direction de ces météores lumineux est réglée par celle des vents supérieurs.

Il ne me serait pas possible, sans sortir du cadre de cet article, d’insister sur cette nouvelle relation. Elle m’amènerait à traiter de la nature des aurores, intimement liée à celle de l’électricité atmosphérique et du magnétisme terrestre. Ce sera l’objet d’un travail uitërieur[1].

Il se dégage pourtant du principe mis en évidence dans cet exposé, discuté et contrôlé dans toutes ses applications, une conséquence relative à l’origine des aurores que je dois indiquer dès maintenant. Pour qu’on puisse constater une relation aussi constante entre les différentes périodes des phases des aurores et la variation de la pression barométrique annuelle, mensuelle et diurne, il faut qu’elles aient vraiment leur origine dans les couches relativement inférieures de l’atmosphère. Il serait autrement impossible de comprendre comment les variations de pression à la surface du sol pourraient avoir leur répercussion sur les très hautes couches de l’atmosphère où se développent ordinairement les aurores. L’observation montre d’ailleurs -que le rayonnement des aurores se propage toujours de bas en haut.

Henri Stassano.
  1. Comme on peut s’en rendre compte sur la Pl. I, il y a une relation certaine entre les phénomènes magnétiques et les manifestations aurorales. On a observé depuis longtemps que le sommet des arcs des aurores concorde avec le méridien magnétique. La carte permet de constater que les courbes à allure elliptique de fréquence des aurores ont leur grand axe orienté comme celui des courbes des isoclines magnétiques. Le diagramme placé à droite de la Pl. I fait également ressortir cet accord entre les phénomènes magnétiques et les manifestations aurorales.

    Le même diagramme montre que la courbe de fréquence des taches solaires correspond également assez bien à celle des aurores. Je ferai seulement remarquer à ce sujet que c’est, dans une certaine mesure au moins, par les pressions que cette influence des taches solaires peut se traduire sur les aurores. La longue série d’observations qu’on possède pour Paris permet de noter une certaine correspondance entre les deux phénomènes. J’ai noté, d’après les listes que donne Mr Angot (Étude du climat de Paris), les années de minima des taches de 1755 à 1878 et celles de maxima, de 1761 à 1870. Je trouve pour la première série une pression barométrique moyenne de 564,1 mm. et pour la seconde de 566,9 mm. La courte série d’observations qu’on possède pour les stations danoises du Groenland, de l’Islande et des Fär-Œer permet de constater le même phénomène, c’est-à-dire qu’au maximum des taches solaires correspond un minimum des pressions et par conséquent un maximum des aurores.

    Voir du même auteur Atti R. Accademia dei Lincei, 1889. p. 210-212, et C. R. Acad. des Sciences, 29 juillet 1901 et 13 janvier 1902. [N. D. L. R.]