Page:Annales de l universite de lyon nouvelle serie II 30 31 32 1915.djvu/14

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

la Sarra[1]. Les caves semblent être encore plus anciennes que le château [2].

Tout cela formait, avant son morcellement, la propriété la plus vaste et la plus admirablement située du plateau de Four- vière qui, de tous côtés, offre de si beaux points de vue. De l’esplanade en demi-cercle qui constituait la partie supérieure, on pouvait contempler d’un seul coup d’œil : à droite, les hauteurs de la Croix-Rousse, en face, le verdoyant et pittoresque massif du Mont-d’or, et, à gauche, le haut plateau du Lyonnais et les contours festonnés des montagnes qui bornent au loin l’horizon. Quant à la partie basse, comprise tout entière dans le clos actuel du Calvaire, elle occupait la conque que forme de ce côté la colline en s’élargissant par un harmonieux contour. Et, si nous nous reportons par la pensée à dix-neuf siècles en arrière, nous pouvons imaginer la ville de Plancus développant sur tout cet espace l’assemblage de ses édifices et de ses habitations somptueuses, dignes du site incomparable que Rome avait choisi dans la province pour y dresser le siège principal de sa force et y faire rayonner le plus beau reflet de sa splendeur.

Que l’on ne voie pas dans ces paroles une formule pompeuse et vide. Pas plus, il est vrai, qu’en aucun point de Lyon moderne, il ne reste ici de vestiges apparents de l’antique magnificence, et nous avons assez souvent expliqué cette

  1. L’ensemble de cette immense propriété avait été acquis en 1817 par un monsieur Billet, sur licitation et partage des biens dépendant de la succession d’Alexandre Constant, décédé le 14 juillet 1793 (acte passé en l’étude de Me Pré, notaire à Lyon, actuellement étude Trévoux). C’est ce M. Constant, qui d’après Artaud (Lyon souterrain, p. 15) aurait vendu pour environ 12.000 francs de marbres antiques, tirés du sol de sa propriété. En 1844, par acte passé devant Me Thiaffaut, notaire, M. Billet la revendit aux héritiers Morel, qui eux-mêmes, en 1852, cédèrent à la confrérie du Calvaire la superficie de 5 hectares qu’occupent actuellement l’hospice et ses dépendances.
  2. C’est dans un des couloirs de celles-ci que nous retrouvâmes, en 1911, engagée dans un mur, l’inscription funéraire de l’utriculaire C. Catius Driburon, signalée au XVIIIe siècle par Mafféi, comme découverte précisément à la Sarra (la Serra, dit le texte), et dont on ignorait depuis lors la situation exacte. (V. Les Fouilles de Fourvière en 1911, p. 97.)