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Stevonton. Devenue jeune fille, elle prit part à la vie mondaine et aux divertissements de la « gentry ». Elle parle dans « Bon Sens et Sentimentalité » de l’« insatiable désir d’aller au bal que l’on éprouve à quinze ans », [1] et il ne semble pas, d’après sa correspondance, que ce désir ait été rarement satisfait. Les filles du révérend Austen reçurent, dès qu’elles furent en âge d’aller dans le monde, le plus cordial accueil chez les châtelains de Deane, d’Ashe ou de Manydown. Le joli visage de Cassandre, la mine éveillée et mutine de Jane, l’entrain et le charme que possédaient les deux sœurs leur valaient d’être partout fêtées. Aux soirs de bal, elles dansaient toute la nuit et revenaient au matin au presbytère en disant peut-être ce que Jane Austen fait dire à l’une de ses héroïnes : « Que le temps a passé vite ! Je voudrais que le bal recommence ! » [2] Car le presbytère de Steventon, si animé quelques années auparavant, était devenu peu à peu silencieux et triste. Toutes les jeunes vies bruyantes qui l’avaient empli de gaieté et de mouvement s’étaient dispersées. Seules, Jane et Cassandre restaient au logis avec leur père vieillissant et leur mère dont la santé et la bonne humeur s’étaient ensemble altérées. Le fils aîné du révérend George occupait la cure de Deane que son père lui avait cédée. Le second, Edward, adopté de bonne heure par un riche cousin, Mr. Knight, dont il prit plus tard le nom, était devenu le maître de deux beaux domaines, Godmersham Park et Chawton House ; très occupé par l’admistration de ses biens et d’ailleurs marié et déjà père de plusieurs enfants, il venait rarement à Steventon, préférant faire à sa mère et à ses sœurs les honneurs de l’une ou l’autre de ses seigneuriales demeures. Henry Austen, qui avait épousé la comtesse de Feuillide, habitait Londres, elles deux plus jeunes fils du pasteur, Francis et Charles, qui tous deux arrivèrent plus tard au grade d’amiral, avaient commencé leur carrière de marins et faisaient des croisières au loin.

  1. Bon Sens et Sentimentalité. Chap. VII.
  2. Memoir. Page 327 (The Watsons).