Page:Annales de l universite de lyon nouvelle serie II 30 31 32 1915.djvu/182

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

trouve, à son grand déplaisir, en présence de M. Darcy qui lui semble plus hautain, plus taciturne et plus dédaigneux que jamais. Grande est la surprise d’Elizabeth lorsque Darcy se révèle à elle sous la figure d’un amoureux. Tout en lui déclarant qu’il l’aime depuis longtemps, il ne lui cache pas qu’il a tout fait pour résister à cet amour dont la violence le contraint aujourd’hui à demander la main d’une femme si inférieure à lui par la famille, le rang, la fortune et l’éducation. À cette déclaration si inattendue et faite d’une telle façon, Elizabeth s’indigne. Profondément blessée d’une démarche où elle ne voit que mépris pour elle et les siens, elle reproche à Darcy son manque de courtoisie, son égoïsme et son orgueil démesurés. Elle lui reproche aussi les conseils qu’il a donnés à Bingley. Ajoutant encore un trait à l’énumération de toutes les excellentes raisons qu’elle a de le repousser, elle l’accuse d’avoir fait preuve d’une méchanceté froide et calculée envers Mr. Wickham, un jeune officier qu’elle a rencontré fréquemment dans le monde. La carrière de ce jeune homme a été brisée parce que le puissant Mr. Darcy a jugé bon de lui refuser une protection que Wickham se croyait à bon droit acquise. Suffoqué de désespoir et de surprise, Darcy quitte Elizabeth. Dans une longue lettre qu’il la supplie de lire avec soin, il justifie pleinement sa conduite à l’égard de Bingley et de Wickham. Après cette lecture, Elizabeth commence à voir son parti pris disparaître. Lorsque le hasard réunit encore Elizabeth et Darcy, la parfaite courtoisie, la fière et respectueuse réserve du jeune homme font regretter à Elizabeth, non pas son refus, mais la vivacité et l’amertume des paroles qui l’ont accompagné.

Au moment où le malentendu qui les sépare encore commence à se dissiper, Elizabeth est brusquement rappelée à Longbourne. Sa sœur Lydia vient de se faire enlever par Wickham et celui-ci, lorsqu’on retrouve à Londres les deux fugitifs, annonce froidement qu’il n’a