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puis se renoue et arrive enfin à une conclusion grâce à un événement imprévu et presque invraisemblable. Deux jeunes filles sont encore ici comme dans « Orgueil et Parti pris » les personnages principaux, et c’est sur un double mariage que se termine le roman. Mais les caractères d’Ellinor et de Marianne Dashwood, en qui s’incarnent le « bon sens » et la « sentimentalité » du titre sont étudiés et présentés de tout autre façon que ceux d’Elizabeth et de Jane Bennet. D’après les indications données par M. Austen-Leigh dans son « Mémoire », « Bon Sens et Sentimentalité » fut commencé en 1797 et terminé en 1798. Pour cet ouvrage, l’auteur utilisa en les transformant l’intrigue et les personnages d’un roman épistolaire intitulé « Ellinor et Marianne » composé à la même époque que « Lady Susan ». « Bon Sens et Sentimentalité » serait donc, du moins en partie, la première oeuvre de Jane Austen. Il est toutefois impossible d’indiquer de façon certaine ce qui appartient dans ce roman à l’œuvre primitive écrite entre 1791 et 1796, de même qu’on ne peut découvrir la trace des retouches que Jane Austen y fit en 1811, avant de le publier. Un seul passage peut être signalé comme une addition faite au moment de la révision définitive : celui où Ellinor reproche à sa sœur d’avoir si bien discuté avec Willoughby la question des mérites respectifs de Cowper et de Scott que le sujet après un seul entretien, est complètement épuisé. La mention du nom de Scott indique que ce passage n’est pas antérieur à 1805, car c’est de cette époque que date, avec la publication de « La Dame du Lac », la popularité de l’œuvre poétique de Walter Scott. À part cette indication précise, il faut se contenter de suppositions au sujet de la composition de telle ou telle partie de « Bon Sens et Sentimentalité » et de l’importance des transformations ou des retouches que l’ouvrage subit à deux reprises. Comparé aux autres romans de Jane Austen, il est d’une valeur moins égale. Certaines pages un peu languissantes, le développement hésitant de l’intrigue, la faiblesse et