Page:Annales de l universite de lyon nouvelle serie II 30 31 32 1915.djvu/404

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conclu dans de telles conditions, nous apprenons à quoi aboutissent les calculs de Charlotte Lucas. Pour être heureuse, la femme de Mr. Collins doit apprendre à se contenter de bien peu de bonheur. « On attendit les premières lettres de Charlotte avec une certaine impatience : il était impossible de ne pas se demander comment elle allait parler de sa nouvelle demeure, ce qu’elle penserait de Lady Catherine et jusqu’à quel point elle aurait le courage de se déclarer satisfaite. Quand elle lut ces lettres, Elizabeth vit bien que Charlotte s’exprimait absolument comme on aurait pu le prévoir. Elle écrivait sur un ton de gaieté, se disait entourée de tout le bien-être possible et ne faisait mention de rien dont elle ne put faire des compliments. Sa maison, ses meubles, la société du voisinage et l’état des routes lui plaisaient également… Elizabeth comprit qu’il faudrait attendre jusqu’à sa visite à Charlotte pour savoir le reste ». [1]

Pendant son séjour chez les Collins, Elizabeth, malgré sa propre discrétion et la réserve de la jeune femme, n’est pas longtemps sans s’apercevoir que les meilleurs instants de la vie de son amie sont ceux où elle peut oublier que la maison, le jardin dont elle fait ses délices, sont accompagnés d’un objet moins aimable : « Quand Mr. Collins disait quelque sottise dont sa femme pouvait à juste titre être vexée, — ce qui n’était pas rare, — Elizabeth jetait involontairement un coup d’œil à Charlotte. Une ou deux fois, elle put voir le rouge lui monter aux joues, mais en général, Charlotte avait la sagesse de ne rien entendre… De son jardin, Mr. Collins aurait voulu mener ses invités dans les deux prés, mais les dames n’ayant pas des souliers assez épais pour s’exposer à patauger dans le terrain amolli par le dégel revinrent sur leurs pas, et tandis que Sir William allait avec lui, Charlotte emmena son amie et sa sœur. Elle leur fit visiter sa maison, étant probablement ravie de pouvoir le faire sans son mari. La maison

  1. Orgueil et Parti pris. Chap. XXVI.