Page:Annales de l universite de lyon nouvelle serie II 30 31 32 1915.djvu/409

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n’avait eu besoin d’autre confident que le maître d’hôtel et était entré presque tout droit au salon. Mme Norris se sentait dépossédée d’un office sur lequel elle avait toujours compté, qu’il s’agît d’annoncer la mort ou le retour de Sir Thomas. » La remuante et bavarde personne trouve des moyens ingénieux de se donner l’illusion de la libéralité. Voici comment elle envoie un souvenir à sa petite filleule : « Fanny n’apportait rien de la part de tante Norris, n’étaient ses souhaits de voir sa filleule devenir bien sage et bien studieuse. À un moment donné, on avait entendu à Mansfield, au salon, quelques vagues remarques au sujet d’un livre de prières que Mme Norris voulait envoyer à l’enfant mais cela n’était jamais allé plus loin. Cependant, Mme Norris, en rentrant chez elle, avait déniché deux vieux livres de prières de son mari, mais en les examinant, son beau feu de générosité s’était refroidi. Un des livres était imprimé en caractères trop fins pour les yeux d’une enfant, et l’autre était par trop volumineux pour que la petite pût s’en servir. » [1]

Bonnes le plus souvent, car les femmes comme Mme Ferrars et Mme Norris sont assez rares, leur très réelle tendresse maternelle n’a d’autre source que l’instinct. « À l’égard de sa mère, le désappointement de Fanny fut plus grand encore. Elle avait espéré beaucoup et ne recevait presque rien. Non pas que Mme Price se montrât pour elle une mauvaise mère, mais, au lieu de gagner son affection et sa confiance, sa fille avait reçu le jour de son arrivée tout ce que la tendresse maternelle avait à lui donner. L’instinct maternel fut bientôt satisfait et l’attachement que Mme Price portait à sa fille n’allait pas plus loin. Son cœur et son temps étaient déjà complètement occupés, il ne lui restait pour Fanny ni affection ni loisir superflus ». [2] Mme Dashwood aime tendrement Marianne et cet amour, qui s’exerce mal à propos, cause dans une large mesure

  1. Le château de Mansfield. Chap. XXXVIII.
  2. Le Château de Mansfield. Chap. XXXIX.