Page:Annales de la propagation de la foi, Tome 19, 1847.djvu/283

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blocs sont incrustés de coquillages ; mais ce qu'il y a de plus remarquable, c'est qu'ils sont découpés, rongés et usés dans tous les sens ; ce ne sont de tout côté que des cavités, des trous qui serpentent par mille détours ; on dirait qu'ici la nature a été vermoulue. Quelquefois le granit offre des empreintes profondément creusées, comme si elles eussent servi de moule à des monstres. Il nous semblait souvent que nous marchions dans le lit d'une mer desséchée. Nul doute que ces montagnes n'ont été lentement travaillées par la mer. Ce qu'elles offrent de phénoménal ne peut pas s'attribuer aux eaux de la pluie et encore moins aux inondations du fleuve jaune qui, pour si grandes qu'on les suppose, n'arriveraient jamais à une si haute élévation. Les géologues qui prétendent que le déluge a eu lieu par affaissement, trouveraient peut-être sur ces montagnes des preuves assez fortes pour étayer leur système.

« Quand nous fûmes arrivés sur la cime de ces monts, nous aperçûmes à nos pieds le fleuve jaune qui roulait majestueusement ses ondes du midi au nord. Cette vue nous remplit de joie, car il nous tardait beaucoup de sortir de cet aride pays d' Ortous. Aussitôt après avoir traversé le fleuve, nous fûmes sur la terre de Chine et nous dîmes adieu, pour quelque temps, à la Tartarie, aux déserts et à la vie nomade.

« Nous avions projeté de nous reposer quelques jours dans la petite ville de Che-tsui-dze, bâtie sur les bords du fleuve jaune, et de reprendre ensuite notre route vers l'occident toujours à travers la Tartarie. C'était d'abord dans le royaume Halechan que nous avions intention de nous diriger. A Che-tsui-dze plusieurs Tartares nous détournèrent de suivre notre projet, en nous assurant que nos animaux épuisés comme ils l'étaient, ne pourraient vivre au milieu des steppes sablonneuses du