contexture particuliére que reside la difficulté de les réunir comme ils l’êtoient auparavant[1] :
On distingue les principes des choses en matériels et formels.
On appelle Principes matériels des corps, certains corpuscules très fins, prémiers, simples, indivisibles, impénétrables, de la dernière petitesse puisqu’ils ne souffrent plus actuellement l’extension partium extra partes, et doüés (10) probablement chacun dans son espèce d’une figure déterminée qui nous est inconnuë, de l’assemblage desquels tous les corps sont formés médiatement ou immédiatement et dans lesquels ils peuvent tous se résoudre. Aristote attribuoit la pénétrabilité à ses Elémens, mais il est manifestement absurde que deux différentes particules de matière occupent au même instant le même lieu. Quand à l’opinion de la divisibilité de la matiére à l’infini, il me semble que tous les raisonnemens que l’on fait pour et contre, n’aboutissent guéres qu’à des disputes de mots. Si les partisans de cette hypothèse n’entendent qu’une division virtuelle par laquelle Dieu pourroit couper en deux chaque atôme, s’il le jugeoit à propos, personne ne songe à leur disputer cela, et c’est tout ce que signifie leur raisonnement ordinaire, que toutte particule de matière, quelque petitte qu’on la suppose, a toujours un côté en haut, un autre en bas, un vers l’orient, un vers l’occident, &c. Mais s’ils prétendoient que les corps fussent actuellement ainsi divisés ou qu’ils pussent physiquement l’être[2], alors il
- ↑ Ici finit la feuille de copie de la bibl. de Neuchâtel (fragment 4 bis).
- ↑ Fuisse ergo infusum a creatore Deo, qui omnia effecit, principium, quoddam, quo quædam corpuscula unirentur in massulas ita adunatas, ut vis nulla naturæ insita, vel excitanda arte, in minores moleculas posset has discindere, adeoque permanerent constantissime ad omnia violenta applicata. Boerh : Chem. : t. I, p. 80. (R.) Elementa chemiæ quæ… docuit… Hermannus Boerhaave… Parisiis… 1733, 2 vol. 4°. Cette édition, déjà utilisée par Rousseau, est celle dont nous nous sommes servi pour établir les notes de notre publication.
